L'Elysée souhaite un changement de méthode. Comme il l'a annoncé au Congrès à Versailles le 9 juillet, Emmanuel Macron veut redonner corps à une « République contractuelle », en discutant avec l’ensemble des partenaires sociaux, mais aussi des élus. Critiqué ces derniers mois par les partenaires sociaux pour le manque de concertation, l'Elysée a-t-il pris en compte les attentes des syndicats et décidé de leur redonner le rôle central ?
« Ce qui existe en matière de dialogue social ne fonctionne pas bien. On négocie assez peu et mal dans les entreprises et au niveau des branches d'activité, estime Dominique Andolfatto, professeur de sciences politiques à l'université de Bourgogne et spécialiste du syndicalisme. Emmanuel Macron souhaiterait des partenaires sociaux davantage dans la construction que dans l'opposition, des organisations qui ne cherchent pas avant tout à défendre leur appareil et leurs permanents. N'oublions pas qu'en France, le taux de syndicalisation est de moins de 10 % et lorsqu'il y a des élections professionnelles dans les entreprises, la participation est en moyenne de 50-55 %. »
L'épineuse question de l'Unedic, le régime d’indemnisation des demandeurs d’emploi, sera au coeur des discussions ce mardi. Devant le Congrès et à la surprise générale, Emmanuel Macron a invité syndicats et patronat à ouvrir des négociations pour en limiter les effets sur la précarité de l'emploi.
Mais n'est-ce qu'une manière habile pour l'exécutif de donner l'impression de laisser agir les partenaires sociaux tout en cadrant rigoureusement le dialogue ? Beaucoup le craignent. Pour Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, si le gouvernement propose une « lettre de cadrage » qui est déjà la conclusion de la négociation, « cela ne marchera pas ».