Le parquet de Munich justifie l'incarcération du patron d’Audi par le risque de dissimulation de preuves. Dans la foulée, le conseil de surveillance de Volkswagen, société-mère d'Audi, a décidé de suspendre Rupert Stadler pour le remplacer par le Néerlandais Bram Schot.
Rupert Stadler, qui dirige le groupe automobile bavarois depuis 11 ans, a été mis en cause fin mai dans le cadre de la découverte d'un logiciel capable de fausser les niveaux d'émissions de gaz polluants de moteurs diesel. L’agence fédérale de l'automobile en Allemagne avait alors ordonné début juin le rappel de quelque 60 000 Audi A6 et A7.
Parallèlement, des perquisitions avaient eu lieu fin mai aux domiciles de Rupert Stadler et d'un autre membre du directoire, après d'autres menées en février, mars et avril aux domiciles et lieux de travail de responsables d'Audi en Allemagne, dont le siège du constructeur à Ingoldstadt (Bavière).
Plusieurs enquêtes ouvertes
L’arrestation de Rupert Stadler n’est en effet qu’une étape dans le feuilleton du « dieselgate » qui secoue le groupe Volkswagen. Plusieurs enquêtes sont ouvertes en Allemagne pour fraude, manipulation de cours de Bourse ou publicité mensongère contre des hauts responsables de Volkswagen et ses marques. Un haut responsable de Porsche, Jorg Kerner, a été arrêté, tout comme l'ancien chef du développement des moteurs chez Audi, Wolfgang Hatz.
Les soupçons se portent jusqu'aux plus hautes sphères du géant de l'automobile. Martin Winterkorn, le patron de Volkswagen au moment où a éclaté le scandale, est aussi dans le viseur, tout comme Matthias Müller qui l'avait remplacé, avant d'être débarqué à son tour.
Le scandale a éclaté en septembre 2015, quand Volkswagen a reconnu avoir faussé les tests des émissions polluantes de ses moteurs diesel aux Etats-Unis. Onze millions de ses voitures diesel sont concernés dont 600 000 sur le territoire américain
Aux Etats-Unis, la marque a dû débourser 22 milliards de dollars pour régler le contentieux. Mais cela n'exonère pas les employés à titre individuel. Huit d'entre eux ont été inculpés de fraude et de conspiration. Un responsable, Oliver Schmidt, a été condamné à sept ans de réclusion. Il avait plaidé coupable, reconnaissant avoir menti au gouvernement fédéral et violé la loi sur la protection de l'air.