Le 25 mai 1968, alors que la France est en grève depuis plusieurs semaines, le gouvernement accepte de se mettre à la table des négociations. Georges Pompidou, Premier ministre du général de Gaulle, discute lui-même avec les syndicats et le patronat. « Nous sommes arrivés à un ensemble de conclusions positives et dont on peut dire qu'elles constituent un accord », annonce-t-il le surlendemain.
Hausse du salaire minimum de 35 %, de tous les salaires de 10 %, engagement sur la réduction du temps de travail et sur le droit syndical dans les entreprises ; discussions sur les retraites, les allocations vieillesse, les allocations familiales... Des acquis sociaux, inédits depuis la Libération, voire 1936, et qui font toujours référence. Les accords de Grenelle prévoient même le paiement des jours de grève à 50 %.
Sauf qu'une partie de la base les rejette. Aux usines Renault, Georges Séguy, leader de la CGT, se fait huer. La grève continue parfois, mais le général reprend l'initiative. « Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. Je dissous aujourd'hui l'Assemblée nationale. La République n'abdiquera pas, le peuple se ressaisira », promet-il. Les gaullistes triomphent aux législatives. Mai-68, c'est fini.
Aujourd'hui encore, le nom de Grenelle reste synonyme de concertation, de dialogue élargi. Grenelle de l'Environnement, Grenelle de la Mer, ou de l'Alimentation. Comme les Etats généraux, vestiges de la Révolution. Quand le pouvoir n'a plus le choix.