En avril, le président Donald Trump pourrait décider d'augmenter les taxes ou d'imposer des quotas aux importations d'acier et d'aluminium, estimant que la sidérurgie américaine a été « décimée » par les importations chinoises à bas prix. Il a également mis en avant les risques pour la sécurité nationale. Trois types de mesures protectionnistes ont été soumises au président américain, qui doit trancher.
C'est le ministère du Commerce qui l'assure, rapporte notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier : augmenter les taxes sur les importations d'acier et d'aluminium est, pour les Etats-Unis, une nécessité de sécurité nationale.
Parce que les matériaux étrangers pourraient être de qualité moins contrôlée ?
L'argument étonne, puisque le Pentagone, notamment, a déjà l'obligation d'utiliser des produits américains.
Alors, serait-ce parce que la concurrence internationale a décimé les industries de la sidérurgie et de l'aluminium ? Certes, il y a aujourd'hui moins d'ouvriers américains. Mais imposer de nouvelles taxes - jusque 53 % selon l'un des scénarii envisagés - ou mettre en place des quotas sur ces deux secteurs en surcapacité, pourrait créer d'autres problèmes. Une chercheuse a ainsi mesuré que, pour un emploi aidé dans la sidérurgie, 38 emplois seraient affectés dans d'autres secteurs à cause de l'augmentation des tarifs.
La crainte d'une guerre commerciale
Quoiqu'il en soit, la Chine a immédiatement réagi devant cette menace américaine au protectionnisme avéré. Pékin s'est dite prête à riposter en adoptant les mesures nécessaires à la défense de ses intérêts.
En conséquence, les risques d'une guerre commerciale grandissent dans le secteur de la sidérurgie. Cette escalade protectionniste n'impliquerait pas seulement les Etats-Unis et la Chine. Déjà parce que d'autres pays producteurs d'acier comme le Canada, la Corée du Sud et le Brésil - les trois principaux exportateurs de ce minerai vers les Etats-Unis -, mais aussi la Russie, sont également visés par les menaces américaines.
Ensuite parce que la Chine, qui produit la moitié de l'acier mondial, est en surcapacité de production et casse les prix pour écouler ses excédents, ce qui fait baisser les cours mondiaux. Et affecte aussi, par contrecoup, les économies de nombreux pays d’Amérique latine et d’Asie.