La crise en Catalogne inquiète les patrons

Après le référendum où une majorité de Catalans se sont exprimés pour l'indépendance, le milieu des affaires se dit de plus en plus inquiet et préoccupé. La perspective d'une Catalogne indépendante pourrait avoir une incidence négative sur l'activité économique de la région.

L'agence de notation financière S&P Global Ratings a placé la note de la Catalogne sous surveillance négative. En cause : l'escalade de la confrontation entre séparatistes catalans et gouvernement espagnol, après le référendum d'autodétermination. L’agence pourrait ainsi modifier la notation de la Catalogne, passant de B+ à B, dans les trois prochains mois.

S&P Global Ratings explique dans un communiqué qu'il existe un risque que « cette escalade nuise à la coordination et la communication entre les deux gouvernements, qui sont essentielles à la capacité de la Catalogne à rembourser pleinement sa dette à temps ».

L'annonce est inquiétante pour le monde des affaires. La perspective d'une sécession pousse les patrons catalans à sortir de leur réserve. Le Cercle d'Economia, qui regroupe de grands patrons catalans, s’est exprimé. Dans un communiqué, il affirme que sa  « préoccupation est maximale ». Pour l'heure, l’attentisme prévaut. Certains groupes ont préféré différer ou mettre en attente leur projet.

Certains vont plus loin et envisagent de délocaliser leur siège de Barcelone à Madrid. D’autres ont déjà franchi le pas. Dès le mois d’août, la direction du groupe NaturHouse, spécialiste en produits diététiques, avait par anticipation fait le choix de quitter Barcelone.

Risque d'une sortie de la zone euro

Si les grands groupes ont les moyens d’organiser leur délocalisation, ce sera plus compliqué pour les PME. Les conséquences sont également importantes pour les banques espagnoles installées en Catalogne. Si elles restaient dans une Catalogne indépendante, elles seraient exclues de la zone euro. La région compte sept groupes cotés à l’Ibex-35, l’indice référent de la Bourse de Madrid.

« En cas d’autonomie, la Catalogne devra se financer sur les marchés à des taux proches de ceux que la Grèce a connus, prévient le Français Pascal Bourbon, à la tête de plusieurs fonds d'investissement, et installé dans la province depuis 18 ans. Aujourd’hui, la Catalogne se finance auprès de l’Etat espagnol à des taux normaux ; demain, ils pourraient grimper à 20 %. Cela aura forcément une incidence sur la vie des entreprises. Une Catalogne indépendante, cela veut dire une sortie de la zone euro, des droits de douane, mais aussi sortir d’un système établi dans lequel les entreprises catalanes, puisqu’elles étaient espagnoles, étaient quand même en situation de bénéfice. Donc ce cadre réglementaire et juridique changerait totalement et c’est sûr que cela aurait un impact négatif au moins sur le court terme. »  

L’incertitude autour de la crise catalane fait courir un risque à l’économie espagnole. La Catalogne, région la plus riche d’Espagne, représente 19 % du PIB et 30 % des exportations. Elle est un véritable moteur économique pour l’’Espagne qui affiche une croissance de 2,5 %.

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