Les taux négatifs, c'est le grand chamboulement des habitudes. Jusqu’à présent, pour emprunter, il fallait rembourser l'intégralité de la somme prêtée ainsi qu’un intérêt, dont le taux était calculé en fonction de la hausse des prix, pour que celui qui prête s'y retrouve. Par exemple, celui qui empruntait 100 euros à 1% devait rembourser 101 euros.
L’inflation étant nulle en zone euro et la croissance atone, la Banque centrale européenne a ramené, en mars dernier, à 0% le principal taux auquel elle prête, et fixé à - 0,4 % le taux de dépôt.
Généralement, celui qui emprunte des sous à la banque perd de l’argent lorsqu’il rembourse. Mais si le taux auquel il emprunte est négatif, il gagne alors de l'argent. Pour 100 euros empruntés à - 1%, il n’y aura plus qu'à rembourser 99 euros. Ce paradoxe est donc désormais atteint : il est plus rémunérateur de s'endetter.
Évidemment, pour 100 euros, la différence n'est pas bien fondamentale, mais lorsqu'il s'agit de millions, et même des milliards d'euros, cela change la donne. Les Etats et les banques l'ont bien compris mais désormais les entreprises en profitent aussi. Sanofi et Henkel ont ouvert le bal. Elles ont emprunté cette semaine respectivement 1,5 milliard d’euros à un taux négatif de - 0,5%.