Faible mobilisation à SFR contre la suppression de 5000 emplois

Les organisations syndicales CGT et CFE-CGC appellent les salariés du groupe à une journée d'action « pour la défense de l’emploi, l’amélioration des conditions de travail et la qualité du service rendu à la population ». Elles dénoncent le projet de la direction de supprimer 5 000 emplois, soit un tiers des effectifs d'ici l'été 2017.

 

Au pied du bâtiment moderne de SFR, une centaine de salariés se sont rassemblés pour exprimer leur inquiétude. Seule certitude un emploi sur trois va disparaitre dès 2017 mais qui sera touché, personne ne le sait encore. Franck Bourin, délégué du personnel au sein de SFR distribution, pointe une dégradation des conditions de travail dans la société : « Nous avons aujourd'hui une ambiance qui est déplorable. On a la pression du résultat, on a le harcèlement des chiffres, on a la menace du plan de départs volontaires. Et on ne sait absolument pas où l'on va. On a un réseau qui se dégrade, on a un service qui se dégrade, donc forcément, la motivation se perd et donc le service rendu aux abonnés se dégrade aussi. »

Le rassemblement a été peu suivi, tout juste une centaine de salariés, dont de nombreux représentants syndicaux ainsi que des militants du Parti communiste et du Front de Gauche. Une faible mobilisation qui n'étonne pas Fabien Bornerant, délégué central de la CGT : « C'est effectivement difficile de mobiliser parce que l'entreprise n'a jamais été une entreprise où la mobilisation était très forte. Des pressions se sont par ailleurs exercées sur les salariés avec ce que l'on pourrait considérer comme des intimidations pour les inciter à ne pas faire grève. La division syndicale n'aide pas non plus la mobilisation. Après, c'est une première mobilisation qui de notre point de vue en appelle d'autres. »

Selon la CGT, 50 boutiques sur 424 étaient fermées ce mardi et 450 salariés de la branche SFR distribution, la plus mobilisée, étaient en grève. La direction recensait, elle, à la mi-journée, 200 grévistes. Quant à la poursuite du mouvement, elle s'annonce compliquée. Certains salariés ont déjà pris leur décision et n'attendent plus qu'une chose : encaisser le chèque et quitter SFR.

Opacité sur la stratégie à long terme

Deux ans après le rachat de SFR par Numéricable, filiale de la maison mère Altice dirigée par le controversé homme d'affaires Patrick Drahi, la direction va mettre en place un plan de départs volontaires. Objectif : dégraisser la masse salariale d'un tiers de ses effectifs, soit 5 000 emplois. Deux des principaux syndicats du groupe, la CFDT et l'UNSA, ont ratifié l'accord, mais pas la CGT ni la CFE -CGC, qui elles, au contraire, s'opposent au projet.

Le 9 août dernier, la direction publiait des résultats en baisse au second trimestre 2016. Un argument de plus pour justifier sa décision. Irrecevable pour les deux syndicats non signataires qui voient au travers de ces suppressions d'emplois l'instauration d'une stratégie favorable à l'actionnaire au détriment de l'emploi mais aussi de ses clients.

Par ailleurs, les deux organisations syndicales reprochent à la direction une certaine opacité sur ses orientations stratégiques à long terme. La CGT et la CFE-CGC auraient souhaité que le groupe s'engage dans le développement industriel et dénoncent sa frilosité à investir dans le réseau et la fibre optique. Par ailleurs, elles déplorent l'absence de dialogue social au sein du groupe et disent avoir été écartées des dernières négociations qui, selon elles, se sont déroulées de manière précipitée.

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