Il y a sept ans, la Fed décidait de ramener à pratiquement zéro son principal taux directeur. Une décision sans précédent. Les circuits du crédit se bloquaient, les plus grandes banques étaient au bord de la faillite, le chômage s’envolait et la consommation s’effondrait. On redoutait la déflation, soit l’entrée dans un cycle infernal où l’anticipation de la chute des prix dissuade les consommateurs de consommer.
Sept ans plus tard, le chômage est retombé à 5%, la croissance est de l’ordre de 2% à 3%, l’embauche est solide et la consommation progresse modestement.
L’effondrement des prix de l’énergie maintient certes l’inflation à un niveau inférieur à l’objectif de la Fed, mais ce phénomène est jugé transitoire. En abandonnant son taux zéro, la Fed ne proclame pas la fin de tous les problèmes économiques américains, mais elle fait un premier pas vers la normalisation de sa politique monétaire.
Encourager la confiance
En relevant ses taux à 0,5 %, la Fed veut encourager la confiance. Elle se donne aussi une marge de manœuvre pour ajuster ses taux en cas de ralentissement, ce qu’elle ne peut pas faire s’ils oscillent autour de zéro. Les taux plus élevés encouragent aussi l’épargne, qui devient plus rentable. Mais tout est question d’équilibre, car les prix des crédits pour les ménages vont grimper, avec des conséquences sur l’immobilier ou l’automobile, des secteurs clés.
Attirés par un meilleur rendement de leur placement, les investisseurs étrangers vont affluer. Là aussi, prudence. L’afflux d’investisseurs fait grimper la valeur du billet vert, avec des répercussions sur les exportations. C’est pourquoi Janet Yellen, la présidente de la FED, veut une politique monétaire accommodante et graduelle pour atteindre un taux de 1,4 % d’ici fin 2016.
La Fed, présidée par Janet Yellen, a promis de ne poursuivre le relèvement de son taux directeur que si la conjoncture lui paraît toujours bien orientée, ce qui explique que le dollar ne flambe pas encore.
■ Que sont les taux directeurs ?
Ce « taux sur les fonds fédéraux » (Federal Funds Rate) détermine le loyer de l'argent à court terme, c'est-à-dire l'intérêt que les banques se facturent entre elles pour des prêts au jour le jour. Il influence tous les autres taux puisque les banques vont le répercuter sur les prêts, les cartes de crédit, les crédits immobiliers.
Leur hausse ou leur baisse déclenche immédiatement un large éventail de réactions, affectant les taux à court et long terme des banques, les taux de changes ainsi qu'une foule d'indicateurs macro-économiques, dont l'emploi et les prix à la consommation.
■ Pourquoi ajuster ces taux ?
La Fed peut abaisser les taux pour encourager les dépenses et les investissements afin de stimuler l'économie, ou les augmenter afin d'éviter une surchauffe et une inflation jugée trop forte.
Après une montée en flèche des prix en 1979-1980, la Fed avait ainsi porté son taux directeur à 20% afin de juguler l'inflation et de freiner l'économie américaine. Après le fort ralentissement de l'économie en 2000, suite à l'éclatement de la bulle internet, la Fed avait au contraire régulièrement réduit ses taux afin que le pays retrouve de la croissance. Mais en agissant ainsi, elle a contribué à faire gonfler la bulle immobilière.
La dernière hausse des taux aux Etats-Unis remonte d'ailleurs à juin 2006 lorsque la Fed voulait calmer le marché immobilier qui éclatera deux ans plus tard avec la crise des prêts à risques subprimes.
(Avec AFP)