La Banque centrale européenne va donc acheter en masse de la dette publique, la dette des Etats, jusqu'à ce que l'inflation retrouve des taux proches de 2%, a dit Mario Draghi, le président de la BCE. Le montant de ces achats sera de 60 milliards d'euros par mois à compter de mars prochain jusqu'à fin septembre 2016 soit 1140 milliards d'euros.
La Banque centrale européenne va concrètement faire marcher la planche à billets, les banques centrales des différents pays qui auront vendu leurs obligations pourront du coup à leur tour injecter de l'argent dans l'économie, dans les entreprises, les banques, qui prêteront plus volontiers. Ce qui permettra de relancer toute la machine économique, la croissance, la consommation et donc aussi de lutter contre la déflation.
Une mesure forte
Les Etats-Unis l'ont fait avec succès, l'Europe espère qu'il en sera de même. Pas sûr cependant qu'en Europe l'effet soit aussi fort. L'assouplissement monétaire, c'est une mesure inédite. D'autant que ces achats de dettes seront proportionnels à la participation de chaque pays dans le capital de la BCE.
Les pays qui ont le plus de part dans la BCE sont les pays qui sont susceptibles d'avoir le plus de dettes rachetées, et en l'occurrence l'Allemagne et la France. Mais cette mesure est forte et elle aura un effet psychologique. L'offensive a déjà été largement anticipée sur les marchés, et elle a déjà eu des effets positifs. Le cours de l'euro a baissé avant même les annonces officielles de ce jeudi.
Hausse des inégalités
Si cette décision de la BCE aura pour effet d'écarter tout risque de déflation grace à la hausse des prix, et donc d'écarter le danger de croissance nulle ou négative, elle aura aussi un revers explique à RFI Pierre Schoeffler, président de S&Partners en augmentant les inégalités entre les revenus modestes et les plus riches. « Ce côté positif a malheureusement des effets pervers qui sont incontestablement un transfert de pouvoir d’achat des pauvres vers les riches. Car l’épargne populaire qui est investie dans des dépôts à vue ou des livrets A n’aura pratiquement plus de rémunération, l’assurance vie aussi aura une rémunération qui va tendre vers zéro rapidement et les gens normaux n’auront plus de rémunération de leur épargne alors que les gens les plus riches, qui ont la possibilité d’avoir par leur surface financière des emprunts à des taux égal à zéro auprès de leur banque, auront la possibilité d’investir sur les marchés financiers qui eux vont monter tout de suite ».
■ Avant même la conférence de presse de Mario Draghi, Angela Merkel s'inquiétait des décisions de la BCE. La chancelière allemande s'exprimait dans le cadre du Forum économique de Davos. Pour elle, la BCE ne doit pas nous faire dévier du chemin des réformes.