American Express fait des bénéfices, mais supprime des emplois

L’émetteur de cartes bancaires, American Express, s’apprête à supprimer plus de 4000 postes dans le monde. Alors que ses bénéfices ont fait un bond de plus de 10 % en 2014, le groupe met en place un plan de restructuration visant à réduire ses coûts face à une rude concurrence.

C’est la deuxième grosse vague de suppressions d’emplois chez American Express en deux ans. En 2013, la société américaine s’est séparée des 5 300 de ses employés. Les objectifs de la présente opération sont clairs. Pour Kenneth Chenault, PDG du groupe, « il s’agit de rendre AmEx plus efficace ». Car la concurrence est rude. Notamment celle des grands rivaux du groupe américain, Mastercard et Visa. AmEx veut chercher des opportunités de croissance là, où elles se trouvent.

Gagner de nouveaux utilisateurs

Afin de gagner de nouveaux clients, American Express dépense beaucoup d’argent en campagnes publicitaires et dans la promotion de nouvelles cartes. Le groupe compte séduire les plus riches et les jeunes qui effectuent leurs achats à partir de téléphones mobiles. Parallèlement, le groupe continue de multiplier les partenariats. Parmi ses nouveaux partenaires figurent notamment l’américain Uber, le très controversé (notamment en France) service de voitures avec chauffeur (VTC) et Apple Pay, un service de paiement mobile proposé par le géant informatique Apple, ou encore la chaîne de restauration rapide McDonald’s, un accord conclut récemment. Enfin, le groupe a réussi en fin d’année 2014 de renouveler son partenariat avec la compagnie aérienne américaine Delta Air Lines.
Mais tout cela coûte cher, très cher, et la concurrence est rude. Le groupe AmEx, qui emploi 62 800 personnes dans le monde, devrait supprimer 4000 postes. Une enveloppe de 313 millions de dollars (272 millions d’euros) sera consacrée à couvrir les indemnités de licenciement, qui seront versées aux salariés concernés.

Des bénéfices record

Toutes ces mesures contrastent fortement avec des profits réalisés par le groupe. AmEx a annoncé un bond de 10 % à 5,83 milliards de dollars (5,07 milliards d’euros) de son bénéfice net en 2014 grâce à une accélération de dépenses de la part des consommateurs en fin d’année. Pour le seul quatrième trimestre, les profits du groupe américain ont progressé de 10,7 % à 1,43 milliard de dollars (1,24 milliard d’euros). C’est justement en période de fêtes de fin d’année que l’émetteur américain a vu pour la première fois les transactions réalisées par les détenteurs de ses cartes dépasser le seuil symbolique des 1 000 milliards de dollars (869 milliards d’euros).

Les autres suppriment aussi

Cette annonce d’AmEx apparemment contradictoire entre les bénéfices engrangés et les suppressions d’emplois fait écho aux décisions d’autres grands groupes dans le monde. Parmi eux, Schlumberger. La chute des prix du pétrole pousse le franco-américain à supprimer 9 000 emplois. Le numéro un mondial des services pétroliers a enregistré un recul du bénéfice net de 302 millions de dollars (60 millions d’euros), mais en même temps il a décidé de gâter ses actionnaires en augmentant de 25 % son dividende.

C’est toute autre chose chez Coca-Cola, qui doit lancer dans les prochains mois sa plus importante restructuration en près de quinze ans. Jusqu’à 1.800 postes devraient être supprimés au niveau mondial. Soit 1 % des effectifs globaux du groupe d’Atlanta qui s’élevaient à quelque 130 600 personnes en 2013. Un plan d’économies sensé d’apporter un nouveau souffle à un groupe en perte de vitesse. En effet, ses résultats sont décevants, avec un recul de 14 % de son bénéfice net sur 2014.

Le marché porteur, mais…

Les ambitions d’American Express rencontrent des vents contraires. Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour l’émetteur des cartes bancaires. Le dollar, notamment, reste fort par rapport aux autres devises. Et cela plombe les revenus du groupe engrangés hors Amérique. En outre, l’Américain n’arrive pas à baisser ses dépenses et les impayés de clients s’accumulent. Ils devraient augmenter d’environ 22 % lors du trimestre en cours. Qu’à cela ne tienne, l’émetteur de cartes bancaires reste optimiste : il devrait bénéficier du recul de l’utilisation des espèces et des chèques pour régler des transactions financières aux États-Unis. Mais pour gagner la bataille avec ses concurrents, AmEx doit éviter de se faire distancier dans le créneau des cartes de paiement prépayées et, surtout, baisser les frais imposés aux commerçants acceptant ses cartes.

Selon une étude du cabinet de statistiques The Nilson Report, le paiement par cartes et par d’autres moyens électroniques devrait augmenter de respectivement 65 % et 61 % d’ici 2018, alors que les achats par chèque ou en espèces devraient chuter de 34 % et de 46 %.

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