Brics: économies contrastées, défis communs

Le sixième sommet des Brics s'ouvre ce mardi 15 juillet à Fortaleza dans le nord-est du Brésil. Au programme des dirigeants du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique du Sud, la possible création d'une banque de développement et d'un fonds de réserve propres aux Brics. Bilan et perspectives économiques de ces pays émergents.

Globalement, l'économie des Brics ralentit. Entre le début des années 2000 et 2011, les Brics ont perdu deux points de croissance. Mais si l'on rentre dans le détail, le paysage est bien plus nuancé. Malgré la perte de dynamisme, les prévisions de croissance de la Chine pour 2014 tournent autour de 7,5 %. A l'autre extrême : les économistes prévoient pour la Russie une récession de 0,5 % . Entre les deux, figurent l'Inde avec une croissance attendue entre 4,5 et 5 %, le Brésil à un peu plus de 1 %. En ce qui concerne l'Afrique du Sud, sa chambre de commerce et d'industrie table sur une croissance à 2 %.

Des défis communs

Ces pays ont des spécialisations économiques différentes. Certains, comme la Russie, sont des grands producteurs de matières premières. D'autres sont des pays purement industrialisés. C'est le cas de la Chine. Pour Yves Zlotowski, économiste en chef de Coface, les défis partagés par ces pays n'en sont pas moins nombreux : « Ce ralentissement économique est lié à des problèmes structurels. Bien sûr, la récession en zone euro a joué un rôle. Mais il y a des problèmes internes d'ordre structurel qui ont vraiment un impact sur la croissance des Brics. Il y a d'abord des problèmes d'infrastructures ; en Inde, au Brésil, ou en Afrique du Sud avec l'électricité notamment. Aujourd'hui, ces problèmes ont vraiment un impact sur la croissance de court terme et notamment sur la production industrielle. Le deuxième problème est lié au climat des affaires. Cela a aussi un impact sur l'investissement. Cela touche la Russie, mais il y a aussi de très grosses manifestations contre la corruption en Inde. Et le Brésil est également concerné. Et enfin, il y a un problème de pénurie de main d’œuvre qualifiée. »

Les Brics ont en commun d'être de grands pays émergents. Ils montent en puissance, économiquement et politiquement. Mais le groupe est déséquilibré. Alors, le concept de Brics a-t-il encore un sens aujourd'hui ? Jean-François Di Meglio reste prudent sur cette question. Mais pour le président d'Asia Centre, le concept de Brics n'est pas dépassé : « Le concept de Brics n'a un sens que s'il y a communauté de lecture du monde moderne. Et ça, je crois que ça existe, c'est-à-dire qu'il y a un peu le Sud contre le Nord, ou à côté du Nord. Et il y a une cohésion de plus en plus forte dans les échanges commerciaux au Sud. Alors qu'autrefois le Sud commerçait avec le Nord, il y a de plus en d'échanges Sud-Sud, si on peut dire que les Brics sont [du] Sud. »

Forts antagonismes

Au-delà de cette vision commune, Jean-François Di Meglio rappelle qu'il existe des antagonismes entre certains de ces pays. Ils sont concurrents. Mais ils conservent des intérêts communs. C'est en tout cas l'analyse que fait Yves Zlotowski : « Ces intérêts sont notamment liés à la question des flux de capitaux, et à la brutalité avec laquelle les capitaux sortent des pays et déstabilisent les taux de change. C'est quelque chose qu'a connu l'Inde et le Brésil, c'est quelque chose que connaît aussi la Russie. Ils ont en commun des intérêts à se protéger contre ces sorties de capitaux. L'idée de créer un fonds de garantie commun, c'est un pas en avant pour donner un peu plus de confiance aux investisseurs et pour montrer qu'ils ont la volonté de se coordonner. Ils ont la volonté de donner confiance aux investisseurs. »

Pour Yves Zlotowski, ce sommet a pour objectif de montrer aux Occidentaux que les Brics peuvent mettre en place des institutions concrètes. La Banque de développement et le fonds de réserve qui pourraient voir le jour sont d'ailleurs pensés pour limiter l'hégémonie de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Les Brics entendent marquer leur différence sur le terrain diplomatique aussi : la rencontre consacrera le retour de Vladimir Poutine dans un sommet international. Le président russe avait été évincé du dernier G8 en raison de la crise en Ukraine.

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