La Chine et la Russie concluent un énorme contrat gazier

Après plus de dix ans de négociations, un contrat d'approvisionnement de gaz russe à la Chine a été signé à Shanghai en présence du président russe Vladimir Poutine et de son homologue chinois Xi Jinping ce mercredi 21 mai. Cet accord porterait sur un montant de 400 milliards de dollars.

Ce contrat entre le géant énergétique chinois CNPC et le Russe Gazprom doit prendre effet à partir de 2018 pour une durée de trente ans.

Selon CNPC, la Russie augmentera progressivement sa livraison de gaz à la Chine jusqu'à atteindre un volume de 38 milliards de mètres cubes par an. C'est environ moitié moins que ce qui était prévu dans un accord cadre signé en 2009, mais à titre de comparaison, l'année dernière, la Chine a importé 53 milliards de mètres cubes de gaz naturel.

La valeur totale de ce contrat n'a pas été officialisée. Mais les médias publics russes avancent la somme totale de 400 milliards de dollars. Le flou règne aussi autour du versement par la Chine d'une avance pour financer les travaux d'infrastructures. Selon le directeur général de Gazprom, la question n'est pas résolue. Le président russe Vladimir Poutine affirme, lui, que la Chine accepte de verser 20 milliards de dollars. La Russie en investirait, elle, 55 milliards pour la construction du gazoduc jusqu'à la frontière chinoise.

Un succès éclatant pour Vladimir Poutine

En signant avec la Chine, le président russe montre aux pays occidentaux, et surtout aux pays européens, qu'il est capable de trouver d'autres débouchés que l'Europe pour vendre son gaz naturel. Autrement dit, en cas d'aggravation de la crise ukrainienne, en cas de nouvelles sanctions, en cas de rupture des fournitures de gaz à l'Europe, Moscou pourra se tourner vers la Chine. C'est donc un succès économique, politique et surtout diplomatique, car cela montre que la Russie est loin d'être isolée sur la scène internationale.

Cela dit, il faut tout de même nuancer la portée de ce succès. D'abord pour débloquer les négociations, dans ce contexte justement de tension internationale, Moscou a dû certainement faire des concessions importantes sur les termes du contrat gazier, et notamment sur le financement du gazoduc qui acheminera le gaz vers la Chine. Et puis la quantité de gaz fournie à la Chine restera de toute façon largement inférieure à celle qui est fournie à l'Europe, on est dans un rapport de un à quatre. Même si avec ce contrat la Russie s'ouvre un marché très important, l'Europe restera donc pour de longues années son principal client sur le marché du gaz naturel.


Vu de Chine : la presse chinoise s'auto-congratule

Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt

Les quotidiens chinois saluent aujourd’hui en cœur l’énorme contrat gazier sino-russe. Tous les grands titres de la presse publient ce jeudi matin la photo de la cérémonie de signature à Shanghai et louent la « coopération gagnant-gagnant » entre voisins.

Ce contrat a en effet tout pour plaire à la Chine, premier consommateur mondial d’énergie.

« Cet accord fera date », cite l’agence officielle Chine Nouvelle cet expert qui assure qu'« il garantira notre sécurité énergétique ». L’importation de 38 milliards de mètres cube de gaz va satisfaire les besoins de la Chine en énergie propre et aidera à maîtriser la pollution, se réjouit Chine Nouvelle.

Le Global Times estime pour sa part qu’après dix ans de tractations, la Chine et la Russie ont enfin signé « un contrat du siècle ». Cette signature, note le journal officiel, est d’abord un « triomphe politique » pour le président Vladimir Poutine qui réussi ainsi à réorienter les exportations du gaz russe vers l’Asie au moment où l’Europe souhaite réduire sa dépendance au gaz russe.

Le South-China Morning Post basé à Hongkong est convaincu : « la coopération dans le domaine de l’énergie est bénéfique pour les deux pays ». Mais il ne faut pas se voiler la face, tempère le journal : aujourd’hui, les échanges commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis sont cinq fois plus importants que ceux entre la Chine et la Russie.

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