Le Club Med entérine une offre publique d'achat du chinois Fosun allié à un actionnaire français. Peugeot vend une partie de son capital à un autre chinois, le constructeur Dongfeng, déjà entré au capital de Renault. Dans le secteur de la publicité, Publicis devrait fusionner avec l'américain Omnicom, le champion du ciment Lafarge a annoncé, il y a quelques semaines, son mariage avec le suisse Holcim. Même la bourse de Paris n'est plus française, elle est tombée dans l'escarcelle de Nyse. Le cas d'Alstom n'est donc que le dernier d'une liste déjà fort longue. En marge de ces rachats en général assez médiatisés, les investisseurs étrangers sont par ailleurs de plus en plus présents à la bourse, ils deviennent cette année majoritaire au CAC 40.
Montée en puissance des investisseurs étrangers
Ce mouvement va de soi pour les grandes entreprises françaises réalisant l'essentiel de leur chiffre d'affaire à l'international. C'est signe d'attractivité, car cela signifie que les valeurs françaises sont appréciées, mais c'est aussi un signe de faiblesse. Cela veut dire que les vaisseaux du savoir industriel français n'ont plus les moyens de se défendre ou d'exister seul.
Parfois, le recours à un investisseur étranger est salutaire. Le Club Med, par exemple, à bout de souffle sur le marché européen, va pouvoir rebondir sur le marché chinois grâce à l'OPA de Fosun, sans perdre le contrôle du groupe qui reste dans l'Hexagone. Peugeot trouve aussi en Chine un renfort pour repartir à l'assaut. Mais ces opérations ne sont pas sans risque pour le tissu économique français. Quand le centre décisionnaire sort du territoire national, l'entreprise n'est plus à l'abri d'une décision contraire aux intérêts français, un plan social par exemple, qui détruirait un peu plus le tissu industriel français. La question se pose pour le cimentier Lafarge qui sera piloté depuis la Suisse. Il y a un risque aussi quand les brevets jalousement gardés vont du jour au lendemain valoriser un groupe étranger aux détriments des intérêts stratégiques français. C'est ce qui va se passer entre Alstom et General Electrics.
La faible marge de manoeuvre des pouvoirs publics
La législation française en la matière est assez pauvre, contrairement à celle du Royaume-Uni ou des Etats-Unis où le politique a les moyens juridiques d'empêcher une opération contraire aux intérêts du pays. Mais on parle là des actions à mener dans l'urgence.
En amont, il manque par ailleurs à la France des investisseurs de long terme capable de soutenir durablement une société. Les Anglo-Saxons disposent des fonds de pension qui sont des actionnaires dormants des grands groupes stratégiques. L'épargne investie en actions serait une bonne alternative, mais même si l'on en parle depuis des années, il n' y a pas de résultat concret jusqu'à maintenant.