Si l’opération aboutit, elle devrait donner naissance à un géant incontesté dans un secteur encore très fragmenté. Le nouvel ensemble, dont le siège sera en Suisse, pèsera 32 milliards d’euros de chiffre d'affaires, 130 000 emplois dans le monde et aura un bénéfice opérationnel de 6,5 milliards d'euros. L'opération prendra la forme d'une offre publique d'échange lancée par le groupe suisse Holcim sur son concurrent français Lafarge, au taux d'une action Holcim pour une action Lafarge. La nouvelle société sera cotée à la fois à Paris et à Zurich.
Face aux inquiétudes des syndicats, de voir fondre les effectifs, les directions des deux entreprises se veulent rassurantes : aucune fermeture d’usine n’est prévue et Lafarge ne quittera pas la France. Le président de Lafarge, Bruno Lafont, a ajouté que son entreprise disposera de centrales en France et que son centre de recherche serait basé à Lyon
Faire des économies
Cette alliance doit d’abord permettre aux deux groupes de faire face à la hausse des prix de l'énergie. Face au ralentissement du marché de la construction en Europe, elle doit aussi leur permettre de dégager 1,4 milliard d'euros de synergies annuelles. Les deux groupes vont aussi bénéficier de complémentarités géographiques.
La nouvelle structure issue de ce mariage sera présente dans 90 pays et répartie de façon équilibrée entre pays développés et pays à forte croissance. Si Lafarge a une très forte présence en Afrique et Holcim est très bien implanté en Amérique latine, tous deux sont très présents en Europe.
Cessions d’actifs
Mais pour valider leur fusion, les deux entreprises doivent convaincre les autorités de la concurrence. Tout d’abord en Europe, elles vont essayer d’expliquer à la Commission européenne que la nouvelle entité ne réduira pas la concurrence sur le vieux continent ou les deux groupes sont très ancrés. C’est pour cela que les deux cimentiers ont convenu de céder entre 10% et 15% des actifs de la nouvelle structure, dont les deux tiers en Europe. Des cessions qui au total pourraient atteindre entre 5 milliards et 8 milliards d'euros. Des problèmes concurrentiels pourraient également apparaître en Amérique du Nord, au Brésil, au Maroc, en Inde, en Malaisie et aux Philippines. Ce qui laisse présager une fusion longue, complexe et des cessions significatives d’actifs pour satisfaire les autorités de la concurrence. Face à une telle ampleur, l'opération ne devrait pas être finalisée avant le premier semestre 2015.