Facebook rachète l'application WhatsApp

Le réseau social frappe un grand coup. Il débourse près de 19 milliards de dollars pour la messagerie instantanée WhatsApp. Il n'a jamais dépensé autant pour une acquisition. Avec ce rachat, Facebook met la main sur une des applications pour smartphones les plus populaires au monde.

WhatsApp, c'est 450 millions d'utilisateurs actifs et cinquante milliards de messages échangés chaque jour. Une masse énorme alors que la startup, créée il y a cinq ans, compte seulement 55 salariés.

C'est aussi un exemple de réussite à l'américaine. Jan Koum, son co-fondateur est arrivé d'Ukraine il y a une vingtaine d'années, alors qu'il en avait 16. Il a réussi à intégrer Yahoo, où il a rencontré l'autre fondateur, Brian Acton. Tous deux ont ensuite quitté l'entreprise pour se lancer dans l'aventure.

Aujourd'hui, WhatsApp rayonne. Les utilisateurs sont de plus en plus nombreux, attirés par cette application qui permet d'envoyer des messages gratuitement, sans passer par un opérateur téléphonique.

Les messageries instantanées, c'est un marché qui attire le réseau social depuis un moment déjà, avec le développement de Facebook Messenger, mais le service n'a pas vraiment eu de succès hors des États-Unis.

L'année dernière, Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook a également tenté de racheter Snapchat, une application de partage éphémère de photos très appréciée des jeunes. Les 3 milliards d'euros proposés à l'époque n'avaient pas suffi. Un an plus tôt, il avait par contre réussi à récupérer Instragram qui permet également de partager des photos.

Pour WhatsApp, il a fallu faire un gros chèque et aussi offrir une place de choix à Jan Koum, le patron-fondateur. Il siégera maintenant au conseil d'administration de Facebook.

A titre de comparaison, l'achat de Skype, une autre messagerie instantanée, par Microsoft en 2011 a coûté huit milliards d'Euros, soit la moitié moins.

Plus d'utilisateurs pour les annonceurs

Mark Zuckerberg poursuit sa stratégie, appelée Mobile first. Elle doit permettre d'attirer les jeunes, alors qu'ils délaissent la version internet du réseau social.

C'est ce phénomène qui a d'ailleurs inquiété les investisseurs lors de son introduction en bourse en 2012, une mauvaise passe. Et c'est misant sur le mobile que Mark Zuckerberg les a rassurés.

L'enjeu, derrière tout ça, c'est la publicité. Grâce à l'audience, Facebook peut attirer les annonceurs. Le réseau social parle de doubler le nombre d'utilisateurs, alors qu'ils sont déjà près d'un milliard.

« Pour les attirer, il doit donc proposer un certain nombre de services, le plus souvent gratuits. Et à partir de là, l'entreprise va pouvoir se tourner vers les annonceurs et monnayer l'attention de ces utilisateurs », explique Thierry Pénard, professeur à Rennes, spécialiste de l'économie numérique.

Cette stratégie, Facebook la poursuit déjà depuis un moment. Le groupe réalise plus de la moitié de son chiffre d'affaires sur téléphone grâce à la publicité.

Le combat des géants

La seule différence, c'est que jusqu'ici, WhatsApp fonctionne sans publicité. L'application se finance grâce à un système d'abonnement. Le téléchargement est gratuit et la première année d'utilisation aussi. La deuxième année, elle passe à 99 cents, soit pas grand-chose.

Jan Koum a longtemps insisté sur l'absence de publicité. Il pourrait continuer d'imposer sa stratégie. Ce rachat n'est pas une absorption pure et simple. WhatsApp continuera à fonctionner de façon indépendante et gardera sa marque.

Les rachats de start-ups par des mastodontes du numérique ont été légion ces derniers temps chez Apple, Microsoft ou Google. « Ce sont des espèces d'éco-systèmes, indique Thierry Pénard, professeur à Rennes spécialisé dans l'économie numérique, ils essayent de se renforcer en proposant tout un ensemble de services. Il s'agit d'éviter que les utilisateurs aillent voir ailleurs ». A la liste, on peut ajouter Yahoo qui a racheté le site de blogs Tumblr en mai 2013.

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