Avec notre envoyée spéciale, Mounia Daoudi
Un vent d'optimisme souffle cette année sur Davos et son 44e forum. L'économie mondiale commence enfin à se relever des crises qui se sont succédé depuis la faillite, en 2008, de la banque américaine Lehmann Brothers.
Un optimisme prudent toutefois car, si le pire semble derrière nous, les préoccupations sont nombreuses. Les économies émergentes, qui ont longtemps tiré la croissance mondiale, sont aujourd'hui fragilisées. En Europe, la reprise est molle, le chômage galopant et le risque de déflation bien réel. La fin programmée de la très accommandante politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FED) inquiète, et au Japon, l'absence de réformes structurelles ne laisse présager rien de bon.
Autant de sujets de débats pour les quelque 2500 participants attendus à Davos. Ce forum acquis au libéralisme se penchera également - et c'est une première - sur l'accroissement des inégalités de richesses, perçu comme un facteur de risque majeur. Les révolutions arabes sont là pour le rappeler si nécessaire.
L'ONG Oxfam a ainsi calculé que les 85 personnes les plus riches de la planète détiennent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, soit trois milliards et demi de personnes.
L'Afrique, « une économie prometteuse »
L'Afrique sera bien présente cette année encore. Une fois encore, ce sont les représentants de l'Afrique anglophone, Nigeria et Afrique du Sud en tête, qui sont le mieux représentés avec d'importantes délégations de chefs d'entreprises. Et si Jacob Zuma est absent cette année, Goodluck Jonathan, un habitué de Davos est bien là.
Il s'est exprimé en début d'après-midi dans le cadre d'une table ronde consacrée aux nombreux défis que doit relever le continent. Table ronde à laquelle participe son compatriote, Aliko Dangoté, qui est cette année l'un des co-présidents du Forum économique mondial.
L'Afrique est le continent de la croissance, avec une moyenne de 5% enviée par de plusieurs régions du monde et les opportunités d'investissements y sont nombreuses a rappelé le milliardaire nigérian. Aliko Dangoté appelle à donner un coup d'accélérateur à la création d'emplois, seul moyen, selon lui, de lutter contre l'accélération des inégalités de richesse, considérées par le forum de Davos comme un risque majeur pour la stabilité mondiale.
Alors que l'optimisme est en enfin de retour à Davos avec des patrons deux fois plus nombreux à anticiper une amélioration de la conjoncture économique dans les 12 prochains mois, les chefs d'entreprises africains semblent plus circoncepts.
Selon une étude du cabinet PriceWaterhouseCooper, la confiance diminue chez les patrons du continent. 40% seulement d'entre eux se montrent optimistes pour les prochains mois, alors qu'ils étaient 7% de plus l'an dernier.
Rien d'inquiétant cependant, estiment les auteurs de l'étude : le continent reste d'une une terre d'opportunités pour les investisseurs...
Jabulano Moleketi est le président de la Banque de développement de cet Etat. C'est son premier Davos.
« Je viens d'Afrique. Nous faisons partie de ces énonomies émergentes, avec de nombreux défis à relever. Parmi ces défis, il y a le problème de la stabilité des marchés financiers. Quant un grand pays comme les Etats-Unis, décide de changer sa politique monétaire, cela a des implications, particulièrement en Afrique du Sud, qui a longtemps bénéficié d'importants flux de capitaux et d'argent pas cher », constate Jabulano Moleketi.
« Les économies développées doivent elles aussi s'interroger sur l'environnement financier et faire des projections à moyen terme, prévient l'économiste. C'est ce que j'attends de ce forum. Je suis ici pour l'Afrique bien sûr. C'est une économie à croissance, sans doute la plus prometteuse de ce XXIe siècle. Et nous sommes ici pour comprendre ce que les gens disent de l'Afrique, et nous sommes aussi ici pour leur raconter des succès, et leur montrer qu'il y a des opportunités d'investissement sur le continent », conclut, optimiste, le dirigeant sud-africain.