Le chantier de la dépendance sur les rails

La ministre française des Solidarités et de la Cohésion sociale Roselyne Bachelot a lancé, mardi 4 janvier 2011, la grande consultation nationale sur la dépendance ou aide à l’autonomie des personnes âgées. L’enjeu de cette concertation : trouver des financements pour faire face à ce nouveau risque. 

Après les retraites, le gouvernement s’attaque à la dépendance. Il y a urgence. Avec le vieillissement de la population et l’augmentation de l’espérance de vie, la France devrait compter 5,4 millions de personnes de plus de 85 ans en 2060. La prise en charge des personnes âgées dépendantes (soins, hébergement, aides) coûte cher. Les dépenses publiques qui lui sont consacrées atteignent actuellement 22 milliards d’euros et devraient couter 10 milliards de plus à l’horizon 2025.

A l’heure actuelle, 80% de la dépendance est financée par l’assurance maladie et les départements en financent 20% via l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA). Aujourd’hui, 1,3 million de personnes touchent l’APA : 700 000 à domicile et 430 000 en établissements. D’où le besoin d’imaginer de nouvelles recettes. Surtout pour les départements très pauvres qui ont beaucoup de personnes âgées et qui ont du mal à financer ces dépenses.

Comment financer la dépendance 

Il n’y a pas que les départements qui sont en difficulté, les familles, qui ne peuvent pas toujours bénéficier d’aides publiques, ont également du mal à boucler leur budget face à ces dépenses insoutenables : 1 800 euros par mois pour rester à domicile (personnel, équipement à la maison) et près de 3 000 euros en moyenne à verser à une maison de retraite médicalisée. Selon la députée UMP de Meurthe-et-Moselle Valérie Rosso-Debord, qui a publié en juin dernier un rapport sur la question, il manque environ 5 à 7 milliards d’euros par an aujourd’hui pour couvrir les besoins des personnes âgées dépendantes.

Pour alléger ce fardeau, plusieurs pistes de financement sont sur la table comme notamment la question de la création d'une nouvelle branche de la Sécurité sociale, de même que celle d’un recours à une assurance privée obligatoire. Ou combiner les deux solutions de financement. Valérie Rosso-Debord dans son rapport plaide pour la mise en place d'une assurance privée obligatoire dès 50 ans, encadrée par l'Etat. Les assureurs privés y sont favorables, même s'ils ne plaident pas pour un système obligatoire. Plusieurs associations de patients sont mobilisées contre cette proposition, jugeant que la dépendance doit relever de la solidarité nationale.

Des premières mesures dans le budget de la Sécu

Parmi les autres pistes possibles : l’augmentation de la Contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités, dont le taux est actuellement inférieur à celui des actifs, la mise en place d’une nouvelle journée de solidarité nationale ou bien encore une hausse des prélèvements sur les successions. Cette question du financement et d’autres comme notamment la professionnalisation des services à la personne seront au menu des consultations que lancent, dès aujourd’hui, la ministre des Solidarités avec les syndicats, les partis politiques, des représentants du monde médical, des mutuelles et des assureurs. Roselyne Bachelot a démarré, dès ce mardi soir, ces consultations avec le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé.

Des premières mesures financières devraient être inscrites dans le budget de la Sécurité sociale pour 2012, adopté à l'automne 2011. Mais la grande réforme de la dépendance, promise durant la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, risque d’être reportée après la présidentielle de 2012.

Partager :