Bon cru 2010 pour les bonus des traders

Avec les fêtes de fin d'année revient la saison des bonus c'est-à-dire la part variable de la rémunération des traders et des patrons des grandes entreprises. Depuis la crise financière de 2008 leur montant, souvent exorbitant, est de moins en moins bien accepté par l’opinion et des tentatives de régulation ont été mises en place pour éviter des scandales trop criants.

Près de la moitié des professionnels de la finance s'attendent à toucher en 2010 un bonus supérieur à celui de 2009. Pour les traders, pas de doute la crise est bien finie. Selon une enquête réalisée auprès des traders, une petite minorité d’entre eux espère même un bonus en progression de plus de 50% par rapport à 2009. Il est vrai que contrairement à bien d'autres secteurs de l'économie, l'industrie de la finance se porte plutôt bien. Du coup, font observer les syndicats, les rémunérations dans le secteur de la banque sont désormais passées de 1 à 400.   

Devant le tollé qui s'était élevé, déjà, l'an dernier, à la même période et sur le même sujet, les banques françaises s'étaient engagées à encadrer le montant de ces bonus.

Une directive adoptée par le Parlement européen a entériné en juillet des mesures pour plafonner, à compter de janvier 2011, les bonus des traders et des dirigeants de banques en Europe. La semaine dernière le gouvernement français a pris un arrêté qui va dans le même sens. Pour éviter que les traders ne prennent des risques inconsidérés afin de faire grimper leurs rémunérations quelles qu'en soient les conséquences, il a été décidé d'étaler sur 3 ans au moins 40% des bonus et que 50% voit versé sous forme d'action.

Limiter les prises de risques

D'ailleurs la polémique ne fait pas rage qu'en France. En Grande-Bretagne le montant des bonus des financiers de la City divise le gouvernement. En Irlande la banque AIB a fait scandale en annonçant qu'elle allait verser 40 millions d'euros de bonus à ses salariés alors qu'elle fait partie des banques que l'Etat irlandais a dû renflouer. Jusqu'aux Etats-Unis, où les autorités financières étudieraient un nouveau cadre réglementaire pour encourager les grandes banques à s'inspirer du modèle européen. Sans attendre, la banque Goldman Sachs a décidé d'introduire des critères de performance sur le long terme pour fixer les bonus de ses cadres dirigeants pour éviter les prises de risque excessives.

PME et CAC 40

Outre les bonus des traders, l'opinion publique est aussi très sensible aux salaires des grands patrons. Ils perçoivent, eux aussi, une importante part variable. On ne leur reproche pas, comme aux opérateurs de marché, le caractère artificiel de leur activité. Les résultats d'une entreprise industrielle ou commerciale sont bien tangibles. Non, ce qu'on leur reproche, c'est le nombre de zéro du chèque, même après l'adoption d'un code de bonne conduite par l'association des entreprises privées et le MEDEF. Choquant, surtout si on effectue quelques comparaisons. Jean Eudes Dumesnil, secrétaire général de la CGPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises souligne que la rémunération moyenne d’un petit patron de PME s’élève à un peu plus de 5 000 euros par mois, jusqu’à 10 000 euros pour les plus grosses entreprises. Rien à voir, donc, avec des salaires de patrons du CAC 40 qui se chiffrent en millions d’euros.

Toutefois, l'encadrement des bonus n'est qu'une partie de l'effort de régulation des marchés financiers depuis la crise. Et probablement pas la plus importante. L'Union européenne a créé depuis un an des organes de surveillance des marchés, de la banque, des assurances. Le secteur des fonds spéculatifs est dans le collimateur et les agences de notation ont vu leur activité mieux encadrée. Même si beaucoup reste à faire, ces mesures sont certainement plus efficaces, à terme, pour tenter d'éviter de nouvelles crises. 

 

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