« Les conséquences des crises financières continuent à affecter les perceptions de la corruption, en particulier en Europe et en Amérique du Nord », estime Huguette Labelle, présidente de l’agence non-gouvernementale Transparency International. 73% des Européens et 67% des Américains du Nord pensent en effet que la corruption est un phénomène de plus en plus important dans leurs pays.
Le palmarès de la petite corruption
Pourtant, la lanterne rouge de la « petite corruption » revient à l’Afrique sub-saharienne. 50% des personnes interrogées disent avoir dû « arroser » pour être servies, contre 36% au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 32% dans les pays de l’ex-Union soviétique, 23% en Amérique latine, 19% dans les Balkans occidentaux et en Turquie et 11% en Asie-Pacifique. En revanche, seulement 5% des citoyens de l’Union européenne et de l’Amérique du Nord se disent victimes de corruption.
En haut du palmarès de la corruption se trouvent l’Afghanistan, le Cambodge, le Cameroun, l’Inde, l’Irak, le Liberia, le Nigeria, les Territoires palestiniens, le Sénégal, le Sierra Leone et l’Ouganda.
La police championne des pots-de-vin
Si les gens acceptent de corrompre, c’est surtout pour éviter des ennuis avec les autorités ou pour accélérer des procédures en cours. Une personne sur quatre a dû débourser de l’argent dans les services de santé, d’éducation, des impôts ou de sécurité. Souvent, ce sont les populations pauvres et marginalisées qui sont les plus vulnérables aux extorsions.
La palme de la corruption revient à la police. Selon le sondage, 29% des personnes dans le monde, qui ont eu un contact avec des responsables de la sécurité de leurs pays, ont payé un pot-de-vin. Si l’on en croit l’étude, les « dessous-de-table » payés aux policiers, au secteur judiciaire et aux services de l’état civil ont quasiment doublé depuis 2006.
Autre évolution inquiétante selon Transparency International : peu de personnes font confiance en leur gouvernement et leurs hommes politiques. Pas moins de huit personnes sondées sur dix pensent que les partis politiques sont corrompus ou extrêmement corrompus. Les Parlements et les administrations publiques ne s’en sortent guère mieux. La moitié des personnes qui ont participé à ce baromètre déclarent par ailleurs que les actions de leur gouvernement pour lutter contre la corruption sont inefficaces.
L’une des rares bonnes nouvelles dans le Baromètre 2010 de la corruption est qu’il existe une véritable volonté des citoyens de dénoncer des actes de corruption : sept participants sur dix à cette étude se disent prêts à agir s’ils constatent un acte de corruption. « Il est réconfortant de voir qu’autant de personnes sont prêtes à lutter contre la corruption », constate la présidente de Transparency International, Huguette Labelle, « cette volonté doit faire l’objet d’une mobilisation ».
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