Les transferts de fonds des émigrés résistent à la crise

Malgré la crise, les transferts de fonds des travailleurs émigrés vers leur pays d’origine ont augmenté de 6% en 2010. C’est ce qu’affirme un rapport de la Banque mondiale. Pour bon nombre de pays, ces envois d’argent des migrants sont la principale source de financement extérieur et de devises.

En 2010, les émigrés ont envoyé 325 milliards de dollars à leurs familles restées dans leur pays d’origine, soit une hausse de 6% par rapport à l’année précédente, selon les chiffres officiels de la Banque mondiale. Une manne en constante augmentation, puisque selon cette étude, ces flux devraient atteindre les 374 milliards de dollars en 2012.

Ce sont l’Inde et la Chine (plus de 50 milliards de dollars chacune) qui reçoivent le plus de fonds, suivies du Mexique (22,6 milliards), des Philippines (21,3 milliards) et de la France (15,9 milliards). Au Mexique, ces transferts constituent aujourd’hui la deuxième source de devises après les exportations de pétrole. En Afrique, dans le peloton de tête on retrouve deux pays : le Maroc et l’Egypte avec près de 6 milliards de dollars chacun.

Des transferts par des circuits informels

Mais en pourcentage de la richesse nationale (du PIB), les plus gros bénéficiaires de ces envois sont des petits pays comme le Lesotho, le Népal, le Liban, le Honduras et Haïti. D’où proviennent ces sommes envoyées au pays d’origine ? Des Etats-Unis, de l’Arabie Saoudite, de la Suisse, de la Russie et de l’Allemagne.

Epargné dans un premier temps par la crise financière, le continent africain n’a pas échappé aux conséquences de la récession mondiale. Et pourtant, les pays d’Afrique sub-saharienne ont enregistré une hausse de 4% de ces transferts. Les immigrés ont ainsi envoyé près de 22 milliards de dollars à leurs familles. Mais cette estimation pourrait être multipliée par dix, car les chiffres officiels ne tiennent pas compte des circuits informels par lesquels passent les émigrés pour envoyer leur argent. Le coût des services informels est estimé entre 3 % et 5 % du montant envoyé, alors qu’avec les banques et les organismes financiers spécialisés, cela peut atteindre 17 % du montant.

Le poids économique des transferts

Cette source de financement est désormais au premier rang des ressources extérieures des pays en développement, au même niveau que les investissements directs étrangers (IDE). « Au cours des deux dernières années, les envois de fonds ont constitué un filet de sécurité pour les pays pauvres confrontés à l’effondrement des flux de capitaux privés provoqué par la crise mondiale », explique Dilip Ratha, l’un des auteurs du rapport qui précise que « le niveau élevé du chômage a poussé de nombreux pays d’accueil à durcir leurs quotas d’immigration, ce qui a ralenti la croissance des transferts de fonds ».

Quels sont les effets économiques de ces transferts des migrants sur leur pays d’origine ? « Ils constituent une source de revenu importante pour de nombreux ménages à faible moyen : nourriture, santé, éducation, logement, achat de terrains, épargne. Pour beaucoup de pays, ces fonds servent également à payer leurs importations et une partie de la dette », explique Dilip Ratha.

Pour en savoir plus :
Le texte intégral du rapport « Migration and Remittances Factbook 2011 » de la Banque mondiale

Partager :