Le FMI donne l’alerte : le système financier est encore fragile

Les Etats ne doivent pas laisser tomber les banques. C’est en substance le message contenu dans le rapport semestriel du Fonds monétaire international sur la stabilité financière du monde. La publication de ce document mercredi 6 octobre à Washington intervient en prélude aux assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale.

Le système financier est encore convalescent et son évolution sera déterminante pour la reprise économique, avertissent les experts du FMI. Un discours d’une extrême prudence justifié par une kyrielle de chiffres hallucinants. D’abord le montant des pertes générées par la crise financière : de l’ordre de 2 200 milliards de dollars. Ensuite, l’addition qu’il va bien falloir régler dans les deux ans qui viennent : 4 000 milliards de dollars, c’est l’argent que les banques devront rapidement trouver pour rembourser les emprunts accordés au plus fort de la crise.

Pour les économistes du Fonds, les banques ne parviendront pas seules à effacer l’ardoise. Le soutien du contribuable leur est indispensable, notamment en Europe. Ce que corroborent les annonces faites récemment en Irlande, par exemple. Le gouvernement estime que son déficit budgétaire va grimper à 32% du PIB en raison du surcoût du sauvetage des banques. L’Europe n’est pas la seule région concernée. Les Etats-Unis sont encore fragiles à cause de la crise des subprimes qui a gangrené le secteur de l’immobilier pour une durée indéterminée. Le FMI recommande vivement aux Etats de maintenir leurs efforts tant que la conjoncture reste aussi incertaine.

La question des taux de change

Dans les couloirs du siège des institutions financières mondiales, bien d’autres sujets préoccupent les représentants des 187 pays membres des organisations. D’abord la question des taux de change. Depuis quelque temps les Etats ont tendance à sous-évaluer leur monnaie pour favoriser leur commerce extérieur. Un protectionnisme qui déforme le poids réel des économies et qui défavorisent les devises les plus fortes.

Le directeur des marchés monétaires et de capitaux, José Vinals, estime que le monde a « besoin » de voir les taux de change bouger pour permettre de rééquilibrer l'économie mondiale. « La volatilité sur les marchés des devises a toujours existé. [...] L'important c'est que les marchés ne connaissent pas d'épisodes de volatilité excessive ou de turbulences », a affirmé M. Vinals lors d'une conférence de presse à Washington. Une position qui tranche avec celle du directeur général du FMI. Dominique Straus-Kahn a déclaré récemment qu’il fallait laisser le marché fixer les taux de change.

Enfin, autre sujet de friction qui concerne cette fois la vie interne du FMI : la répartition du pouvoir, décidée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, est jugée obsolète car accordant trop de poids aux Européens face aux pays émergents. Les Européens veulent bien faire un effort, à condition que les Américains fassent un geste… Les discussions sur la quote part des Etats membres promettent d’être au moins aussi houleuses que les échanges sur les marchés des monnaies !

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