Malgré la reprise, le chômage perdure dans les pays développés

L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), qui regroupe 34 pays les plus développés du monde, a présenté à son siège à Paris le rapport annuel sur les Perspectives de l'emploi. Même si en 2010 la sortie de crise s’est amorcée dans les pays membres de l’OCDE, le retour de la croissance ne s'accompagne pas d'une baisse sensible du chômage. Celui-ci ayant atteint son plus haut niveau depuis la Seconde Guerre mondiale, l’OCDE recommande aux Etas membres de prolonger les mesures en faveur de l’emploi malgré les impératifs de la rigueur.

Entre l’Espagne où le chômage a franchi la barre des 20% et la Norvège avec moins de 3% de chômeurs, le taux de chômage moyen pour la zone des pays de l’OCDE s’établit à 8,6%. Selon le rapport de l’OCDE, ce chiffre constitue à la fois un record depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi, très probablement, un pic au-delà duquel le chômage se mettra à baisser. Mais la décélération du chômage, note l’OCDE, sera très lente car on assiste à une reprise économique sans création massive d’emplois.

La rigueur au détriment de l’emploi : un choix dangereux

Dans l’ensemble des pays de l'OCDE, on compte aujourd’hui 47 millions de chômeurs. Ce chiffre pourrait être bien supérieur et avoisiner les 80 millions si l’on tenait compte des chômeurs désabusés qui ont renoncé à chercher du travail et si on y ajoute les travailleurs à temps partiel. Face à cette explosion du chômage, l’OCDE met en garde les gouvernements contre la tentation du moment qui consiste à assainir coûte que coûte les comptes publics en taillant sans distinction dans les dépenses sociales au détriment des demandeurs d’emploi.

Pour l’OCDE, les gouvernements doivent relever le défi posé par le chômage de masse et trouver un équilibre entre la réduction nécessaire des déficits d’une part et l’assistance aux demandeurs d’emploi d’autre part, spécialement en faveur des publics les plus vulnérables comme les jeunes et les chômeurs de longue durée. Les gouvernements doivent résister à la tentation de réduire les prestations d’aide sociale ou de diminuer les sommes allouées aux services de recherche d’emploi pour faire des économies à court terme, soutient l’OCDE dans son rapport.

Les recettes pour favoriser la création d’emplois

La protection sociale des chômeurs doit aller de pair avec des politiques qui favorisent la création d’emplois, indique l’OCDE. Mêmes si les situations différentes d’un pays à l’autre appellent à des solutions multiples, pour l’OCDE les gouvernements doivent investir prioritairement dans la formation, surtout en faveur des personnes peu qualifiées. D’autre part, au moment où l’économie repart et où les entreprises seront donc amenées à recruter, les mesures d’aides à l’embauche et d’allègements de charges doivent se poursuivre. Ce type de mesures doit cibler les chômeurs de longue durée, estime le rapport.

Le cas des pays émergents

Un chapitre à part dans le rapport de l’OCDE est consacré à l’impact de la crise mondiale sur l'emploi dans les économies émergentes dans la mesure où les travailleurs y sont généralement plus vulnérables aux chocs que dans les économies plus développées. Le défi pour ces pays, en ce moment, consiste à faire face à l’augmentation soudaine des besoins sociaux avec des capacités limitées. Les pays émergents doivent, dans la mesure du possible, renforcer leurs filets de sécurité. L’OCDE leur recommande de verser des prestations et de mettre en place des dispositifs d’emplois aidés dans le secteur public à destination des familles les plus vulnérables.

Partager :