C’est la nuit la plus longue que raconte Kathryn Bigelow dans Detroit. Celle véridique passée par quatre Afro-Américains et deux touristes blanches dans un motel, en 1967. La ville est à feu et à sang et profitant du désordre, trois policiers racistes vont menacer les jeunes gens, les frapper et les torturer jusqu’au petit matin.
L’histoire date des années 1960, mais pour Kathryn Bigelow, elle résonne puissamment avec le présent : « C’est complètement d’actualité. On m’a proposé le projet au moment des émeutes de Ferguson et je me suis dit, ce sont des faits vieux de 50 ans et voilà que tout recommence aujourd’hui. »
Detroit est un film de révolte et d’indignation. Au moment de sa sortie aux États-Unis, au mois d’août, plusieurs articles et tribunes ont estimé que seul un cinéaste afro-américain pouvait raconter cette histoire avec pertinence, accusant Bigelow d’exploiter la souffrance des Noirs. Detroit a vu ses résultats au box-office sabordés par la polémique. Ce qui n’enlève rien à la force d’un film qui met en lumière, pour la première fois au cinéma, une page sanglante de l’histoire américaine.