Calder, le maître des mobiles, au musée Soulages à Rodez

Ce « forgeron de géantes libellules » du titre de l’exposition est un des plus grands sculpteurs du XXe siècle. Le plus français des Américains, Alexander Calder, célèbre pour ses mobiles en fil de fer et ses sculptures en mouvement, est actuellement à l'honneur du musée Soulages à Rodez, dans le sud de la France. Le peintre Pierre Soulages, père de l'« outrenoir », aujourd'hui âgé de 97 ans, appréciait la finesse et la monumentalité de ses œuvres. Il en présente plus d'une centaine dans son extraordinaire musée à l'architecture de métal.

Derrière le titre de l’exposition : Calder, forgeron de géantes libellules se cacher une citation de son ami André Masson. Elle résume bien le travail de l'artiste, maitre du métal, forgeron mythique, tout en légèreté avec ses libellules aux ailes transparentes.

Ces bronzes en équilibre instables

Le musée Soulages a choisi de présenter l'artiste dans sa totalité, ses premiers fils de fer miniatures venus des États-Unis, ses célèbres mobiles suspendus, ses stabiles, structures monumentales en tôle d'acier rondes ou aigues, sorte d'énormes vaisseaux boulonnés. Le visiteur pourra également admirer ses bronzes en équilibre instables qui tiennent sur des pointes et ses gouaches véritables explosions de couleurs. Benoît Decron, commissaire de l'exposition a réuni ces prêts exceptionnels :

« La salle qui me touche probablement le plus est celle qui s’appelle Touraine qui est un oiseau fait à base de boîte à conserves – même si ce n’est pas nouveau, la récupération – mais avec trois ou quatre éléments Calder arrive à faire un oiseau de paradis. En plus, c’est un oiseau un peu bateau qui peut être pendu au plafond et qui tourne au fil un petit peu avec l’air qui circule dans l’exposition. Il y a une virulence de couleurs qui est d’une franchise absolue avec des couleurs primaires, du rouge, du jaune, du bleu...

En France, si on devait chercher des gens qui avaient un peu travaillé dans l’esprit de Calder, je pense que c’est les Hervé Di Rosa, les Robert Combas… des gens qui ont compris chez Calder à la fois le côté foutraque et le côté couleur. A chaque fois, ce sont des mètres carrés de joie de vivre. »

La révolution de la sculpture par le mouvement et le vide

Calder arrive en France dans les années 1920. Il exprime le monde polyglotte des artistes qui viennent travailler à Paris entre les deux guerres, rejoint l'avant garde, immortalise la danseuse noire américaine Joséphine Baker en grande marionnette dégingandée, seins de fils de fer et longs bras. Il révolutionne la sculpture en y introduisant le mouvement et le vide.

« Il vient d’une famille artiste. Son père est sculpteur, son grand-père est sculpteur, sa maman est peintre. Il va osciller pendant quelques années entre une carrière d’ingénieur et une carrière d’artiste. Il va s’intéresser aux endroits où il se passe quelque chose : sur un ring de boxe, sur une piste de cyclisme et c’est également au cirque. Évidemment, le cirque va être un sujet très important pour lui pour mettre en mouvement des objets minuscules qu’il va faire à base de fils de fer. Cette dextérité qu’il a dans l’art du fil de fer, cela va vraiment être sa marque de fabrique, jusqu’à dans les années 1930. »

Le maître des mobiles

Dans le Connecticut Calder était Alexander. A Saché, en Touraine, pour tous ceux qui désiraient le rencontrer dans son atelier encombré, il était Alexandre, l'artiste touche-à-tout, boulimique de travail, le généreux qui offrait de petites sculptures de fil de fer aux enfants.

Dans l'exposition, de trop rares photos montrent un géant débonnaire en pleine sieste au pied d'un olivier. Dans l'esprit des gens, il reste le maître des mobiles, ces sculptures de métal qui bougent au gré du vent.

Calder, forgeron de géantes libellules, jusqu’au 29 octobre au musée Soulages de Rodez.
 

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