Avec son nez patatoïde surmonté de grands yeux étonnés, son pull vert à col roulé trop court, Gaston débarque au journal Spirou en 1957, au milieu des Lucky Luke et autres Buck Danny. Mais lui n'est ni cow-boy ni aviateur...
Gaston est officiellement un « héros sans emploi », ce qui est assez imprévu dans la BD à l'époque. « C’est imprévu, parce que, à l’époque, tous les personnages devaient être exemplaires et incarner une fonction, raconte Christelle Pissavy-Yvernault, conseillère scientifique de l'exposition. Et le fait même que Gaston arrive, il ne sait pas bien pourquoi, il n’a rien à faire, il ne trouve pas sa place, etc., rien que ça, c’était subversif. »
Gaston Lagaffe, le grand inventeur de bidules inutiles
Subversif, Gaston est un grand inventeur de bidules inutiles, qui s'endort très souvent au bureau. Pacifiste tranquille, antinucléaire tendance « flower power », il s'évertue aussi à ne jamais payer les parcmètres, ce qui a le don d'énerver l'agent Longtarin, et aussi parfois son éditeur.
L'exposition présente en effet un document daté du 9 mai 1968 selon lequel la Commission de censure s'inquiète de la tendance d’André Franquin à « ridiculiser la force publique ». Un courrier édifiant parmi les 300 pièces de cette exposition qui rassemble dessins originaux, croquis, films et photos personnelles. Un ensemble riche et émouvant.
► Écouter notre Rendez-vous Culture du 10 février sur l’exposition Gaston, au-delà de Lagaffe
► Gaston, au-delà de Lagaffe, exposition au Centre Pompidou-Paris, à la Bibliothèque publique d’information, jusqu’au 10 avril 2017.