«Hedi, un vent de liberté» ou l'amour au-delà des conventions en Tunisie

L'année se termine en beauté au cinéma, avec la sortie ce mercredi 28 décembre en France de Hedi, un vent de liberté du Tunisien Mohamed Ben Attia. Récompensé notamment par le Prix du meilleur premier film à la Berlinale cette année, Hedi, c'est le portrait d'un jeune homme qui décide enfin de vivre sa vie. Jusqu'ici, tout le monde avait toujours tout décidé à sa place. Hedi, une histoire d'amour et de liberté.

Il est si lisse en apparence, Hedi. Vendeur de voiture trop timide, il s'apprête à épouser une jeune fille qui lui est promise de longue date. Sa mère a déjà tout arrangé. Mais lorsque Hedi part prospecter dans une station balnéaire, à la recherche de nouveaux contrats, il rencontre Rim, animatrice dans un hôtel en manque de touristes.

Dans un pays en pleine mutation, après la « révolution du jasmin », l'amour va faire exploser les conventions sociales. Hedi, le récit d'une émancipation, pour le réalisateur Mohamed Ben Attia. « C’est en fait quelqu’un qui se révèle à lui-même, qui se découvre, qui à travers justement cette rencontre arrive à savoir ce qu’il voudrait faire, ce qu’il n’est pas prêt à faire. Et c’est un petit peu le parallèle qu’on fait avec la grande histoire, c’est-à-dire que depuis maintenant bientôt six ans, on est en train, encore en Tunisie, d’apprendre et de tâtonner et de se découvrir », explique-t-il.

Pour incarner Hedi, jeune homme tiraillé entre l'amour et la honte, Mohamed Ben Attia a fait appel à Majd Mastoura, venu du théâtre de rue. Son jeu tout en retenue, à l'opposé de ses précédentes expériences d'acteur, lui a valu le prix d'interprétation au dernier festival de Berlin. 

« Au départ, l’idée c’était de raconter l’histoire de quelqu’un de banal, monsieur tout le monde. C’est quelqu’un qui intériorise tout, qui n’est pas dans l’intellect, qui est plus dans l’émotion, dans le sentiment. Il peut à la limite déborder vers une vraie naïveté. Puis il est pur, sans intellectualiser quoi que ce soit, sans avoir une conscience de ce qu’il fait, ou une conscience politique ou quoi. L’idée, c’était de faire ce parallèle avec ce qu’on vivait avant la révolution. On souffrait, mais pour être vraiment honnête et ne pas exagéré et tomber dans les facilités, on était surtout résignés. Il y avait une sorte de fatalité qui nous anesthésiait. Lui, il était un peu dans la même situation. Il vivait et il finissait même presque par se convaincre que c’est comme ça qu’il fallait vivre. Point barre », raconte Mohamed Ben Attia.

Mohamed Ben Attia est l'invité de RFI ce 28 décembre 2016 à 18 h 20 TU

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