« Quelle est votre position, combien êtes-vous ? » Au large, les appels de détresse retentissent. Sur la terre ferme, Samuele, un jeune garçon italien, fabrique une fronde et s'amuse à tirer sur des cactus. A la radio, un animateur passe un disque : Fuocoammare (« la mer en feu » ; à l’origine, il s’agit d’une référence au bombardement d'un navire italien pendant la Seconde Guerre mondiale). Plus tard, à la radio, à l'heure du flash, le présentateur annoncera encore un nouveau naufrage.
Les rescapés ressemblent à des spectres
Dans Fuocoammare, migrants et habitants ne se rencontrent jamais. Sous leurs couvertures de survie scintillantes, les rescapés ressemblent à des spectres, rapidement « triés » en fonction de leur nationalité. À part les militaires, le seul Italien en contact avec eux, c'est Pietro, le médecin de l'île. Il soigne les bobos de Samuele et fait passer une échographie à une femme africaine enceinte de jumeaux, qui vient de débarquer. C'est aussi Pietro qui signe les innombrables certificats de décès. Pietro est en colère et fait des cauchemars quand les hélicoptères de secours décollent vers le large.
Face à l’indifférence
Gianfranco Rosi le répète : « Le but du film n'est pas d'informer », le calvaire des migrants est connu. « Face à l'indifférence », le réalisateur veut susciter « une prise de conscience émotionnelle ». « Nous sommes tous, collectivement et individuellement, responsables de ces atrocités », dit-il. Le président du Conseil italien, Matteo Renzi, a remis un DVD de Fuocoammare à tous les autres dirigeants européens. L'histoire ne dit pas s'ils l'ont regardé.