Prince Rogers Nelson, alias « Prince », icône funk et pop des années 1980 et 1990, a été retrouvé inanimé dans un ascenseur de ses studios d'enregistrement de Paisley Park, près de Minneapolis dans le Minnesota. Les agents des services d'urgence n'ont pas réussi à le ranimer. Sa mort a été rendue publique jeudi. L'artiste américain avait 57 ans. Il laisse derrière lui plus d'une trentaine d'albums vendus à presque 100 millions d'exemplaires dans le monde.
Le site internet people TMZ, très bien informé, relate que la semaine dernière, le chanteur avait dû faire un atterrissage d'urgence en rentrant d'un concert à Atlanta. Son avion privé s'était posé à Moline, dans l'Illinois, et Prince aurait alors été transporté à l'hôpital, où il aurait reçu un « save shot », une injection de neutralisation généralement administrée aux personnes en train de faire une overdose d'opiacés.
Ces informations sont à prendre avec précaution, mais TMZ, qui n'est pas avare en détail, est considéré comme une source fiable. Le site précise que le médecin avait conseillé à Prince de rester à l'hôpital 24 heures, ce qu'il aurait refusé, notamment parce qu'il n'était pas possible d'avoir sur place une chambre privée. L'entourage de l'artiste rapporte qu'il ne se sentait pas bien pendant le vol retour. Une enquête a été ouverte.
Génie musical
« C'est avec une profonde tristesse que je confirme que le légendaire interprète, Prince Roger Nelson, est mort dans sa résidence de Paisley Park ce matin », a indiqué jeudi la porte-parole de la popstar, Yvette Noel-Schure, ouvrant la voie aux nombreux hommages. Pour Mick Jagger, le talent de Prince « n'avait pas de limite », et le président Obama salue l'un des artistes les plus doués de son temps. La musique américaine vient en effet de perdre l'un de ses enfants prodiges.
Petit homme d'1,60 mètre seulement, Prince compensait par son extravagance, sa mégalomanie et son talent immense. Né en 1958 à Minneapolis, d'où son surnom de « kid de Minneapolis », Prince possédait de fait un ego surdimensionné, à la hauteur de son génie musical. Il était capable d'assimiler toutes les influences, toutes les musiques noires : jazz, funk, hip-hop, soul. L'un de ses traits de génie a été de coller des riffs de guitare électrique, le signe du rock, sur des rythmes funk et des mélodies soul.
Prince était un compositeur perfectionniste, un chanteur hors pair, un arrangeur, mais également un multi-instrumentiste surdoué, capable de jouer à la perfection du piano, de la batterie et bien sûr de la guitare électrique. C'était enfin un performeur de génie, une « bête de scène » dont les concerts dépassaient régulièrement les trois heures, un danseur émérite au style dandy, jouant sur l'ambiguïté sexuelle et le potentiel érotique de ses chansons.
Anticonformiste
Prince signe son premier contrat professionnel en 1977 avec la Warner. Il a 19 ans, et son contrat spécifie déjà qu'il devra écrire, produire et jouer tous les instruments lui-même. Car toute sa carrière durant, l'artiste est obsédé par le contrôle de sa musique. Son premier album, For You, ne marche cependant pas très bien. En restera surtout le sulfureux « Soft and Wet », ode funkie au sexe féminin, l'un des thèmes favoris de Prince, malgré des convictions religieuses fortes.
Prince devient une superstar internationale de la culture pop dans les années 1980. En 1982, il sort l'album 1999. S'ensuivent, deux ans plus tard en 1984, l'album et le film Purple Rain. qui lui vaudront l'Oscar de la meilleure chanson en 1985. Le disque vient d'ailleurs talonner, en termes de ventes, le Thriller de Michael Jackson, dont Prince est souvent présenté par la presse comme le grand rival. Continuant à enchaîner les tubes, Prince remporte, au cours de sa carrière, sept Grammys Awards.
Au milieu des années 1990, et à la suite d'un conflit avec sa maison de disque, Prince décide de se faire appeler « Love Symbol ». Cette partie de carrière est plus discrète, et ses albums - plus exigeants - présentent une musique expérimentale. Mais Prince fait son retour en 2004. Il lance l'album Musicology et occupe de nouveau les premières places des hit-parades. En 2007, il participe au « show » sportif annuel le plus regardé aux Etats-Unis, le Super Bowl de football.
Alors qu'il avait commencé une série de concerts, il avait aussi annoncé en mars dernier qu'il allait publier ses mémoires, dont son éditeur prédit qu'ils seront « anticonformistes ». Le chanteur était venu à Montréal récemment pour donner deux spectacles-surprises au Théâtre-Maisonneuve de la place des Arts. Ces dernières années, le musicien rebelle avait tenté de prendre de court les revendeurs de billets en annonçant ses concerts quelques heures seulement avant de monter sur scène.
► L'émission La Bande passante sur RFI est consacrée de vendredi à la carrière de Prince