C'est l'une de ces photos qui écrit l'histoire. L'image est floue, en noir et blanc. Un soldat américain, casque sur la tête, est couché dans l'eau. Il progresse dans les flots, à plat ventre. Autour de lui, les débris de bateaux éventrés. L'image s'intitule « Face in the surf », « le visage dans la vague ». Elle est l'un des onze clichés du Débarquement pris par Robert Capa, qui nous soient parvenus.
Déjà célèbre pour ses photos de la guerre d'Espagne, Capa serait resté une heure et demie à Omaha Beach, le temps de prendre plus de 100 clichés, avant de repartir sur un bateau vers l'Angleterre. Les quatre pellicules sont expédiées au magazine Life où un laborantin, suite à une erreur de manipulation, aurait fait fondre les négatifs. Seules onze photos sont exploitables.
Depuis plus d'un an, le critique A.D. Coleman conteste cette version : Capa, paniqué, n'aurait pris que quelques photos sous le feu allemand en Normandie, et l'histoire du laboratoire aurait été inventée. Et l'ancien journaliste du New York Times de dénoncer le « business Capa ».
Mais qu'il en ait pris une dizaine ou une centaine, les photos de Robert Capa, au milieu des tirs, sont les seules images du D-Day à Omaha Beach. Le mythe Capa demeure, il est juste « un peu plus flou », titre de son autobiographie parue en 1947.