«Sicario», le permis de tuer

Le Canadien Denis Villeneuve fait ce mardi 19 mai au Festival de Cannes la montée des marches avec son nouveau film intitulé « Sicario », ce qui signifie tueur à gages au Mexique. Un film d’action spectaculaire et subtil à la fois qui parle de la lutte acharnée et sans limites entre les cartels de la drogue et les forces de l’ordre américaines. Un film coup de poing, porté par un duo de choc, Emily Blunt et Benicio Del Toro.

L’époustouflante attaque qui ouvre le film donne la couleur de ce qui va suivre : une unité anti-drogue du FBI fait un assaut digne d’une scène de guerre dans une maison en plein désert d’Arizona. Leur découverte glace le sang. Une maison dont les murs sont truffés de cadavres d’anciens otages…

La frontière entre les Etats-Unis et le Mexique est un monstre, un ogre, une zone de non-droit. C’est ici que la jeune et jolie Kate (Emily Blunt) veut s’engager contre le trafic de drogue pour des raisons qui restent aussi inconnues que la raison de son divorce.

« Secouer l’arbre »

Apparaît alors un homme mystérieux et haut placé qui entraîne le FBI dans une mission conjointe avec le CIA sur un nouveau territoire. Ce groupe d’intervention d’élite doté de passe-droits inouïs va « secouer l’arbre », bref, provoquer les cartels de la drogue pour les pousser à sortir de leurs cachettes. Kate, aussi meurtrie qu’idéaliste, doit se poser alors la question de savoir si elle cautionne la démarche peu démocratique du consultant énigmatique.

Benicio Del Toro interprète avec bravoure Alejandro, ce loup solitaire et mystérieux, dans un western moderne qui va droit au but en un seul souffle. C’est avec lui que Kate acceptera d’essayer de dompter la bête et traverser le désert pour toucher au cœur les cartels qui terrorisent et massacrent la population.

Génie et action


Denis Villeneuve prolonge et élargit avec génie ce que d’autres avant lui avaient dit sur la violence de l’univers des cartels et la zone de non-droit entre les Etats-Unis et le Mexique. Là où Héli, du Mexicain Amat Escalante, avait choqué les festivaliers en 2013, avec des scènes de torture où l’on brûlait des parties génitales, Villeneuve arrête les surenchères et se limite à montrer des corps nus pendu à des ponts. Là où Rachid Bouchareb explore dans La Voie de l’ennemi à la fois la zone de la frontière mexicaine et l'enquête sur un ancien meurtre, Villeneuve réussit à intégrer un portrait psychologique complexe de Kate et Alejandro dans un scénario basé sur l’action. Maîtrise extraordinaire du scénario,  plans séquence et  acteurs éblouissants, violence des actions au service de l’histoire:  à bien des égards, Sicario fait penser à Drive du Danois Nicolas Winding Refn qui avait fait sensation à Cannes en 2011.

 

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