Comment la photographie peut-elle rendre au plus juste la situation des populations dans un conflit ? La mort ? La détresse humaine ? Jusqu’au 14 septembre, les reporters du monde entier exposent, se rencontrent et parlent bien volontiers de leur travail à VISA pour l’image à Perpignan. Les grands noms côtoient les nouveaux venus. Une chance à saisir pour ceux qui veulent débuter dans ce métier, et qui veulent en saisir les enjeux et les limites.
Hommage à Camille Lepage, James Foley...
Les limites, elles sont palpables à Perpignan. Très vite. 70 journalistes sont morts sur le terrain depuis le début de l’année pour avoir voulu raconter le chaos, la folie des hommes. Et Jean-François Leroy, le directeur du festival, a à coeur de ne pas les oublier : Camille Lepage, morte cette année en Centrafrique, James Foley, journaliste américain exécuté il y a quelques jours en Syrie, mais aussi Chris Hondros tué en Libye en 2011, ou Anja Niedringhaus, tuée par un policier afghan le 4 avril 2014 et à qui une exposition est consacrée. La mémoire des journalistes de RFI, Claude Verlon et Ghislaine Dupont, tués au Mali à la fin de l'année 2013 sera également évoquée.
Syrie, Ukraine, Centrafrique
Cette année, 26 expositions nous emmènent en Syrie, en Mongolie, en Centrafrique, en Inde, aux Philippines. Anne Rearick nous fera découvrir les townships d'Afrique du Sud, Guillaume Herbaut la place Maïdan en Ukraine, Gaël Turine le mur entre l'Inde et le Bangladesh. Et Mary F. Calvert expose son sujet sur les agressions sexuelles dans l'armée américaine. Des photographies qui pour la plupart n’ont jamais été publiées, comme nous l’explique Jean-François Leroy, le directeur du festival. C’est paradoxal. «Visa pour l’image rencontre chaque année un franc succès, et pourtant on n’a jamais eu autant de mal à trouver des financements pour la photographie. La presse n’investit plus décemment dans le secteur». Internet a-t-il redonné quelques perspectives d’avenir pour des sujets ou reportages photo ? «Absolument pas. Internet sert à se faire connaître en tant que photographe. Mais ce n’est absolument pas un modèle économique ».
Prix et bourses pour soutenir la profession
D’Internet, il est tout de même question à VISA pour l’image. RFI et France 24 remettent pour la 6ème année consécutive, le prix du meilleur webdocumentaire. Cette année, c'est Samuel Bollendorf et Olivia Colo qui sont récompensés pour Le Grand Incendie. De nombreux prix sont remis tout au long du festival. Le VISA d’or catégorie News, Magazines ou presse quotidienne. Des bourses sont également décernées pour des projets de reportage (Prix Canon de la femme photojournaliste 2014, cette année Viviane Dalles, bourse Getty Images, ou Pierre & Alexandra Boulat). Et une petite place est faite aux amateurs, avec une exposition «Amateurs on the spot».
Projections chocs
VISA pour l’image, ce sont également des projections-spectacles. Pour retrouver l’actualité de l’année écoulée. Dans un monde inondé d’images, ces soirées marquent une pause. Une pause grandiose pour en prendre plein les mirettes, et se confronter, en photos, au choc de l’histoire en train de se faire. En grand format !
→ Le programme des expositions, projections, rencontres sur le site officiel.