Booker T.Jones, vous n’en avez pas un peu marre que l’on vous parle tout le temps de Green Onions ?
Non cela ne me dérange pas. Green Onions est un morceau que je continue à étudier encore aujourd’hui. J’essaye de le rejouer comme à l’époque. Ce jour-là, l’enregistrement a été vraiment spécial et depuis j’ai dû mal à recréer le son que j’avais sur le disque avec les MG’s.
Pourquoi ?
Je ne sais pas exactement pourquoi… il y a des modulations, certaines inflexions de mes doigts qui sont difficiles à reproduire, mais je pense qu’aujourd’hui je le joue beaucoup mieux qu’il y a quelques années.
Comment pourriez-vous définir le son que vous avez créé pour le label Stax ?
C’était un son brut, un mélange entre un rythme simple et la musique funk. Il y avait aussi le fait que nous n’avions pas les meilleurs micros ni les meilleures bandes d’enregistrement donc parfois il y avait de la saturation. Et puis nous n’avions pas énormément de connaissances sur le processus d’enregistrement… tout cela combiné a fini par créer un bon son, très accessible et très simple.
Vous avez vécu pendant un âge d’or de la musique soul à Memphis. Quels sont vos meilleurs souvenirs de cette période ?
C’est vrai que c’était incroyable de vivre à une époque et dans un lieu où il y avait autant de grands musiciens comme Isaac Hayes ou David Porter. Il y a tellement de bons souvenirs… Mais je dirais qu’enregistrer avec Albert King a été un grand moment, travailler avec Otis Redding également. Et puis le succès de Green Onions a été une énorme surprise pour moi.
Booker T. and the MG’s était composé de deux musiciens noirs et de deux musiciens blancs. En avril 2013, Barack Obama a salué le rôle que la soul de Memphis avait joué dans l’avancée des droits civiques. Qu’en pensez-vous ?
Cela me rend heureux que Barack Obama ait rendu un tel hommage à la soul de Memphis, même si, à l’époque, on ne faisait pas de la politique, on faisait juste de la musique. Ceci dit, on avait conscience d’être un cas à part, car il n’y avait pas beaucoup de groupes interraciaux dans les années 1960.
Green Onions a été un énorme succès instrumental. Pensez-vous qu’il soit encore possible aujourd’hui d’écrire un tube sans paroles ?
C’est une bonne question ! Les gens me demandent souvent « que signifie Green Onions ? Que signifie Time is tight ? ». Ils veulent connaître l’histoire, le thème, le sujet de la chanson : c’est un besoin humain.