Avec notre envoyé spécial à Montreux, Grégoire Sauvage
Palaces, voitures de luxe, et jazz à tous les étages, bienvenue à Montreux sur la Riviera suisse, ville pittoresque baignée par les eaux émeraude du lac Léman et à la longue tradition d’accueil des touristes fortunés. C’est ici que se déroule chaque année l’un des festivals les plus courus au monde avec environ 230 000 spectateurs sur deux semaines. « Les billets sont chers, mais je n’ai pas trouvé mieux ailleurs », explique un habitué du festival. « Dans le jargon anglophone, on appellerait ça un festival premium », analyse Mathieu Jaton, le directeur du Montreux Jazz et fils spirituel de Claude Nobs, le fondateur de l'événement, décédé début 2013. « Ne serait-ce que par les capacités réduites, on est de toute façon dans une configuration assez intimiste. Voir Pharell Williams et Stevie Wonder dans une salle avec 3 500 personnes [...] cela positionne tout de suite le festival comme un festival assez exclusif, mais pas excluant ». En effet, au-delà des salles payantes, de nombreux événements gratuits ont lieu tout au long de la journée dans la ville.
Trois salles, trois ambiances
A Montreux, les festivaliers peuvent se rendre dans trois salles à l’acoustique impeccable, situées dans l’enceinte du Centre des congrès de la ville : l’auditorium Stravinsky accueille les grandes stars internationales tandis que le Jazz Lab propose une programmation pointue mêlant groupes de rock et de musique électronique. Enfin, il y a le Jazz Club et son ambiance feutrée qui convient parfaitement aux petites formations jazz. Ce dimanche, c’est le pianiste cubain Ivan Melon Lewis et son continuum quartet qui assurait la première partie de Concha Buika, la reine de l’afro-flamenco au club. « Ici il y a une vraie proximité avec le public. On n’a pas l’impression que c’est un festival, mais plutôt une grande fête de la musique. Tu te sens à la maison », s’enthousiasme le musicien qui sort à la fin de l’année son deuxième album Ayer y Hoy.
La marque Montreux
« Quand Claude Nobs a lancé le festival en 1967, c’était à la demande de l’office du tourisme qui voulait créer un évènement pour développer la marque Montreux à travers le monde », explique Mathieu Jaton. Pour parvenir à ses fins, Claude Nobs le visionnaire, invite non seulement les plus grandes stars de l’époque, Aretha Franklin, Nina Simone ou encore Ray Charles, mais il enregistre aussi ces concerts avec les meilleurs standards audio et vidéo pour qu’ils soient diffusés par les télévisions américaines, japonaises et européennes. Depuis 1991, le festival est même produit en haute définition. Aujourd’hui encore, une armée de techniciens perpétue la légende de Montreux avec des captations de très haut niveau qui viennent grossir jour après jour les fabuleuses archives du festival.
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