Lee Ufan, la subtilité au Château de Versailles

Au Château de Versailles et dans ses illustres jardins dessinés par André Le Nôtre s’est ouverte cette semaine l'exposition de l'artiste coréen Lee Ufan.

Il y a eu Jeff Koons, Takashi Murakami, Joana Vasconcelos dont les œuvres spectaculaires et parfois très colorées détonnaient dans ce lieu historique et ont fait l'objet de quelques critiques. L'année dernière, l'artiste italien Guiseppe Penone, célèbre pour ses arbres sculptés en bronze, avait instauré un dialogue poétique avec le parc. Cette année, Lee Ufan s’inscrit dans cette même lignée : « Versailles est un lieu historique et son jardin architectural a été conçu par un génie. C’est un lieu si parfait qu’il est difficile d’y toucher. »

Alfred Pacquement, l’ancien directeur du musée d’art moderne du Centre Pompidou est le commissaire de l'exposition : « Il s’agit de trouver des artistes dont le travail peut s’inscrire – ce qui est très difficile – dans ces lieux très prestigieux, très chargés, très construits. L’artiste doit s’inscrire dans une autre d’œuvre d’art. Lee Ufan est un artiste très subtil dans sa manière de travailler qui est aussi très économe. »

Lee Ufan est tellement subtil qu'il faut parfois chercher ses oeuvres cachées dans la nature. Ses lames de vent constituées de plaques de métal enfouies dans l'herbe. Ou encore ses grosses pierres de granite clair installées en rond sur un lit de gravier blanc dans le bosquet de l'étoile. Un peu comme si elles tenaient un conciliabule.

La Grande Arche de Versailles de Lee Ufan

Toutes les œuvres de l'artiste se trouvent dans le jardin. À l’exception d'une installation intitulée Mur de coton, surplombée par une pierre qui se trouve à l'entrée du château. En tout, ce sont dix oeuvres que l'artiste a créées in situ en s'inspirant du lieu et surtout du jardin dessiné par Le Nôtre. Parmi les oeuvres phares de l'exposition, il y a la Grande Arche qu'on ne peut pas rater juste à l'entrée du domaine. « Cette Grande Arche de Versailles qui est sur ce parterre d’eau devant le château, c’est une espèce de porte virtuelle qui permet de franchir le seuil et de voir apparaître cette immense perspective conçue par Le Nôtre, remarque Alfred Pacquement. Le propos de l’artiste Lee Ufan est de voir différemment les lieux dans lesquels nous nous trouvons. Cette porte qui est une grande arche soutenue par deux immenses pierres avec un tapis d’acier sous l’arche qui a la même longueur que l’arche elle-même, c’est un dialogue très fort entre les deux qu’on ne peut pas manquer. »

Le matériel que Lee Ufan utilise, c’est essentiellement la pierre. Des pierres gigantesques que l'artiste recherche partout dans le monde. « Pour moi, la pierre doit être aussi âgée que la terre, explique Lee Ufan. Et je suis toujours à la recherche de la pierre neutre, la pierre abstraite qui n’a pas une image ou un sens particulier. J’utilise aussi la plaque de fer, c’est un produit de la société industrialisée. En mettant ensemble la pierre et le fer, j’essaie de faire le lien entre la nature et le monde industrialisé. »

Lee Ufan instaure aussi un lien entre ses œuvres et ce cadre exceptionnel qu'offrent les jardins de Versailles. L'artiste coréen qui vit aujourd'hui entre le Japon, Paris et New York nous invite ainsi à la méditation. Ses créations de pierre et de fer se posent presque sans bruit dans le paysage géométrique du jardinier de Louis XIV et le visiteur les découvre au hasard de ses flâneries.

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Lee Ufan Versailles, l'artiste coréen expose ses œuvres dans les jardins et le château de Versailles jusqu'au 2 novembre 2014.

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