« Oui, ça fait drôle de se voir au Panthéon ! C’est un lieu un peu sacré en France. On se sent tout petit. ». Comme William, aujourd’hui, plus de 4 000 personnes ont leur portrait en noir et blanc au Panthéon. Des anonymes de tous âges et de toutes couleurs, beaucoup de sourires, des grimaces aussi, que l’artiste JR a recueillis via internet et un camion photomaton. Il en a recouvert l'allée centrale du Panthéon, la coupole, et à l'extérieur, les bâches de chantier qui protègent le dôme du bâtiment, au-dessus des lettres d'or qui proclament : « Aux Grands Hommes, la patrie reconnaissante ».
« Il ne faut pas s’y méprendre, remarque l’artiste JR. On ne rentre pas au Panthéon comme ça. Les grands hommes qui sont enterrés ici l’ont mérité. Ils ont pris des risques. Il y a des gens qui ont sauvé des millions de vies en créant des vaccins. Il y a des gens qui ont résisté dans des périodes où personne n’osait. Aujourd’hui, les gens y voient des photos des quatre coins du monde pour cette œuvre symbolique où ils entrent au Panthéon, mais il faut se poser la question : qu’est-ce que cela veut dire d’être résistant dans un contexte actuel. Ce n’est pas juste en signant une pétition. Qu’est-ce qu’un grand homme aujourd’hui ? Le message, c’est plutôt qu’on a tous le potentiel de l’être. »
Une œuvre éphémère qui invite à réfléchir alors que quatre grandes figures de la Résistance (Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay) rejoindront l'an prochain les 70 personnalités déjà inhumées au Panthéon, de Jaurès à Victor Hugo en passant par Jean Moulin, Pierre et Marie Curie ou Victor Schoelcher.