Her est un film avec et sans Scarlett Johansson. Sans la star, puisque elle y incarne Samantha, un logiciel ultra-sophistiqué, censé aider le héros Joaquin Phoenix dans ses milles tâches quotidiennes. Avec Johannson, puisque chaque minute du film est rythmée par la voix rauque et sensuelle de la plus pulpeuse des blondes hollywoodiennes. Jamais une voix plus suave ne sortit d’un ordinateur. On n’a donc aucun mal à comprendre comment le héros du film peut tomber amoureux de cette abstraction.
En revanche, le véritable défi était de faire tenir cette histoire sur deux heures. De montrer le quotidien, la naissance de l’amour, la vie domestique, le sexe, entre un humain et une femme sans corps.
Tantôt Her est de la pure science-fiction, tantôt il devient complètement contemporain, en pointant l’obsession moderne pour les téléphones portables. Le ton est ludique et mélancolique, il est aussi incisif et pose les bonnes questions. À quoi servent encore les corps dans une société de plus en plus désincarnée ? Quelle est la frontière entre la réalité et nos imaginaires ? Porté par ses deux acteurs extraordinaires, c’est avant tout ce miroir que nous tend Spike Jonze.