«La Belle et la bête», la beauté sans émotion

C’est l’un des films les plus attendus de l’année. La Belle et la bête de Christophe Gans avec Vincent Cassel dans le rôle de la Bête et Léa Seydoux dans celui de la Belle. Pour épargner la mort à son père, une jeune femme décide de se sacrifier. Elle part dans un domaine magique, où l’attend la Bête, une créature monstrueuse. À ce conte de fées magistralement adapté à l’écran par Jean Cocteau en 1946, Christophe Gans donne une tournure résolument contemporaine.

Un manoir hanté par des créatures semblables à des milliers de feux follets, un lac gelé qui se transforme en salles de bal, une forêt luxuriante qui se referme sur les passants trop curieux. Dans La Belle et la bête, ce sont d’abord les effets spéciaux qui impressionnent, à commencer par le principal : Vincent Cassel, transformé (grâce aux pouvoirs du numérique) en créature monstrueuse, mi-lion, mi-oiseau de proie.

Ceux qui se souviennent du film de Cocteau et de l’interprétation inoubliable de Jean Marais seront sans doute étonnés par les partis pris de Christophe Gans. Le réalisateur français modernise ce conte de fées horrifique, lui donne des accents freudiens avec une ribambelle de flashbacks sur le passé de la Bête, et les circonstances qui l’ont conduite à devenir un monstre.

Mais surtout, le réalisateur fait de la Belle son personnage principal et Léa Seydoux, qui l’incarne, donne une dimension féministe et parfois même guerrière au personnage. Le résultat est un film tiraillé entre deux mondes : celui de la féérie et du conte merveilleusement servi par la technologie numérique. Et celui de la modernité, avec des réflexions sur l’écologie, la lutte des classes et la crise économique. Au final, la beauté est au rendez-vous, mais l’émotion, elle, a disparu.

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