Doris Lessing est certes née en Perse où son père, ancien capitaine dans l’armée Britannique, était banquier, mais c’est l’Afrique, où elle débarque à l’âge de 6 ans, lorsque ses parents s’installent en Rhodésie (le Zimbabwe aujourd’hui), attirés par la promesse d’y faire fortune, qui va marquer son œuvre et sa vie.
Elle s’engage contre l’apartheid et sera même interdite de séjour en Afrique du Sud et en Rhodésie (elle ne reviendra en Afrique du Sud qu’en 1995). Elle dénonce aussi la corruption qui règne dans certains pays africains. En 1950, elle arrive à Londres avec un manuscrit qui lui vaudra son premier succès, Vaincue par la brousse, dont l'action se passe en Rodhésie du Sud. Doris Lessing militera aussi au Parti communiste qu’elle quittera en 1956 après l’écrasement de la révolte hongroise.
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Dans son œuvre, c’est Carnet d’Or (1962), le livre qui l’a faite connaître au grand public, qui raconte le mieux les sujets qui inquiétaient Doris Lessing : inégalités raciales et sociales, tiraillements entre la quête de l’accomplissement individuel et le bien commun. Elle y raconte l’histoire d’une femme-écrivain à succès qui tient son journal sur quatre carnets, de couleurs différentes pour chaque facette de sa vie, comme autant de points cardinaux : le carnet noir pour l’œuvre littéraire, le rouge pour ses activités politiques, le carnet bleu pour l’introspection pyschanalytique, le carnet jaune pour la vie privée. Le cinquième, le carnet d’or, est celui de la synthèse et de l’accomplissement.
Doris Lessing fut la première Britannique et l’écrivain le plus âgé à être récompensé par le prix Nobel, qu’elle reçut à l’âge de 88 ans. Une récompense tardive pour un écrivain inclassable, refusant les étiquettes même si elle fut l’idole des anti-colonialistes, des opposants à l’apartheid et des féministes et un écrivain populaire, abondamment lu et commenté.