L’Unesco s’inquiète pour le patrimoine mondial au Mali

A la faveur de l’avancée foudroyante des rebelles touaregs, le groupe armé islamiste Ansar Dine et des éléments d’al-Qaïda au Maghreb (Aqmi) ont pris ce lundi 3 avril le contrôle de Tombouctou. Surnommée « la perle du désert », ce grand centre intellectuel de l’islam et ancienne cité marchande prospère, est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les trois grandes mosquées de Tombouctou, mais surtout des dizaines de milliers de manuscrits – dont certains datent de l’ère pré islamique – témoignent de cette splendeur passée. Ces manuscrits seront-ils la cible des nouveaux maitres de la ville ?

Beaucoup de gens dans la communauté internationale s’inquiètent et craignent que les manuscrits de Tombouctou ne connaissent le sort des Bouddhas de Bamyan, détruits en mars 2001 par les Talibans. Ce sont des pièces uniques, écrites en arabe ou en peul, par des savants originaires de l’ancien empire du Mali. Ces textes, dont les plus anciens remontent au 12e siècle, parlent d’architecture, de médecine, d’anatomie, de botanique, autant de domaines méprisés voire considérés comme impies par al-Qaïda et ses affidés djihadistes.

Lazare Eloundou, responsable au sein du département patrimoine mondial de l’Unesco exprime ses préoccupations. « Dans une situation de chaos, les manuscrits peuvent être pillés, vendus et aussi détruits. On ne sait pas exactement ce qui peut se passer. Donc il est important de signaler à la communauté internationale l’importance de ceci. »

La situation est donc grave mais pas désespérée. Selon l’Unesco, rien n’a été détruit pour l’instant. En outre ces manuscrits sont considérés comme un trésor. S’y attaquer, même au nom de la charia reviendrait à s’aliéner les habitants de Tombouctou, ce que les nouveaux maitres islamistes de la ville ne souhaitent sans doute pas.

 

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