L’encyclopédie «Britannica» tourne la page du papier

L’encyclopédie anglophone Britannica, lancée en 1768 à Edimbourg en Ecosse, ne fera plus l’honneur de ses milliers de pages à ses lecteurs. Concurrencée par internet, et notamment par le site participatif Wikipédia, la compagnie qui l’édite abandonne la version papier pour un socle « tout numérique ». Un « rite de passage vers une nouvelle ère », selon son président, Jorge Cauz.

L’encyclopédie de papa, déclinée en dizaines de volumes superbement disposés en rang d’oignon sur le haut de la bibliothèque, c’est fini. Depuis 244 ans, l’encyclopédie Britannica était le symbole de cette érudition, un brin « vintage » que l’on exhibait sans en avoir l’air aux yeux du visiteur de passage. Ce sont surtout des milliers d’entrées, dont la fiabilité demeurait incontestable. Ce mardi 13 mars, Jorge Cauz, le président d’Encyclopaedia Britannica Inc., qui édite l’ouvrage, a annoncé l’arrêt de son impression et le passage au tout numérique.

Se procurer la vénérable encyclopédie avait en effet un coût : en France, les dernières éditions se vendaient plus de 1 800 euros les 32 volumes. Prix prohibitifs ou concurrence de l’internet – sûrement beaucoup des deux – les ventes n’ont eu de cesse de dégringoler depuis 1990, année de tous les records, avec près de 120 000 exemplaires vendus aux Etats-Unis. L’édition 2010, elle, s’est écoulée à seulement 8 000 unités.

Le bourreau Wikipédia

C’est qu’un beau matin de janvier 2001, Wikipédia a fait son entrée dans le monde très concurrentiel de la vulgarisation scientifique. Plus qu’un énième concurrent, le site préfigurait une nouvelle manière de penser la recherche d’informations, en affirmant pouvoir faire rimer exhaustivité avec fiabilité, deux termes jusque-là antinomiques, qui plus est sur la toile.

Si le côté participatif du site assurait un nombre d’entrées bien supérieur à celui de son illustre aînée, le « créneau » du sérieux de l’information restait la chasse gardée des auteurs du Britannica, et autre Robert, qui eux, étaient de « vrais » experts. Cette guéguerre a d’ailleurs fait une victime collatérale, l’encyclopédie numérique Encarta de Microsoft qui jeta l’éponge en 2009, incapable de rivaliser avec ses concurrentes dans ces deux domaines.

Mais Wikipédia, dès le milieu de la dernière décennie, avait déjà commencé à rattraper son retard sur la question, précisément, de la fiabilité de ses écrits. En 2005, la revue scientifique Nature avait affirmé,par exemple, que le nouveau venu comportait moins d’erreurs que sa grande sœur, sur un échantillon de 42 entrées comparées.

La société de Jorge Cauz compte pourtant bien capitaliser sur la renommée et l’expérience de sa marque, et peut toujours obtenir le concours de ses 4 000 experts pour présenter un contenu, certes « moins étendu », mais « toujours exact », selon les mots de son président. L'intégralité sera accessible pour la somme, modique cette fois, de 70 dollars l'année.

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