Lors d'une conférence de presse à Berne, la ministre suisse, Mme Eveline Widmer-Schlumpf, a justifié sa décision avec « les clarifications approfondies qui ont été menées à bien n'ont pas permis d'exclure avec toute la certitude voulue que la demande d'extradition américaine présentait un vice ».
En France, des nombreuses personnalités du cinéma et le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, avaient publiquement soutenu le célèbre cinéaste (Le Pianiste, Tess, Rosemary’s Baby, Le Bal des vampires). Le Président de la République, Nicolas Sarkozy, avait personnellement téléphoné à son homologue helvétique, Doris Leuthard, pour empêcher une extradition de Roman Polanski, malgré les faits avérés d’un viol d’une fille de 13 ans. Pendant le festival de Cannes 2010, plusieurs cinéastes avaient lancé une pétition pour la libération de Polanski jusqu’à l’apparition d’un deuxième cas d’accusation de viol d’une mineure.
Un deuxième cas d’accusation de viol d’une mineure
L’actrice britannique Charlotte Lewis avait relancé le 14 mai 2010 la polémique en accusant le cinéaste d’abus sexuel au début des années 80 quand elle était âgée de 16 ans. Dans une conférence de presse à Los Angeles, l’actrice britannique, 42 ans, a affirmé avoir été « abusée sexuellement de la pire façon possible » par le réalisateur franco-polonais. « Monsieur Polanski savait que je n’avais que 16 ans et il m’a forcée… dans son appartement à Paris… Je crois qu’il y a d’autres similarités dans les crimes qu’il a commis ». Charlotte Lewis, était en 1986 à l’affiche du film Pirates de Polanski. Ces nouvelles accusations mettaient à mal la stratégie des avocats de Polanski qui ont toujours fait croire que le cas avéré et avoué par Polanski serait un cas unique pour lequel il avait déjà exécuté la totalité de la peine exigée à l’époque par le procureur en Californie. Dans une lettre publiée le 2 mai 2010, Polanski avait lui-même proclamé avoir déjà purgé une peine de prison de 42 jours dans le cadre d’un accord à l’amiable. Un accord démenti par le juge américain actuellement en charge de l’affaire aux Etats-Unis. Encore depuis sa cellule et son chalet suisse, Polanski avait continué à travailler pour son film « The Ghost Writer » (Ours d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Berlin 2010) et il a entamé l’adaptation de la pièce de théâtre Le Dieu du carnage de Yasmina Reza. Polanski avait conclu sa lettre du 2 mai 2010 avec les mots : « Voilà ce que j’avais à vous dire en restant dans l’espoir… que je pourrai retrouver la paix et ma famille en toute liberté dans mon pays. » Mission accomplie.