Avec notre correspondante à Jérusalem, Catherine Monnet
Au moins un des six bateaux de la flottille qui a appareillé dimanche 30 mai 2010 pour rejoindre Gaza et brisé le blocus a été intercepté. Des images diffusées par la télévision palestinienne du Hamas et reprise par la chaîne Al-Jazira montrent des hommes, tous équipés de gilets de sauvetage, s'affairant autour de plusieurs personnes blessées. L'une d'entre elles saignant abondamment a visiblement perdu connaissance. D'après la télévision palestinienne et une organisation non gouvernementale turque présentes sur le bateau, deux activistes étrangers auraient été tués et des dizaines d'autres blessés. Pour l'instant, l'armée israélienne ne donne aucune information.
Quant aux communications avec les bateaux, elles n'aboutissent plus. Le dernier message internet, envoyé vers deux heures du matin le 31 mai par une coordination de militants pro-palestiniens - en contact avec un participant français de la flottille - précisait que les connexions satellites et téléphoniques étaient perturbées et présentaient des symptômes de brouillage.
Ce que l'on sait, c'est que les bateaux de la flottille ont aperçu des navires de guerre israéliens dès 23h le 30 mai au soir, et que les capitaines ont reçu des messages radio émanant de l'armée israélienne, les alertant sur le fait qu'ils étaient en train de se diriger vers une zone militaire interdite, tout en les invitant à changer de cap au risque d'en subir des conséquences.
Israël impose un blocus très strict sur la bande de la Gaza depuis plus de trois ans, en représailles notamment à l'enlèvement du soldat Gilad Shalit. Ce siège a déjà été rompu à cinq reprises par le mouvement Free Gaza, qui organise depuis août 2008, des cargos chargés d'aide humanitaire. Celui-ci était d'une ampleur inégalée. Les trois navires et les trois cargos qui voulaient rejoindre Gaza transportent environ 600 militants et 10 000 tonnes d'aide humanitaire.
Israël avait annoncé son intention d'intercepter la flottille, pour la diriger vers le port d'Ashdod. Les militants devaient ensuite être expulsés du pays. Quant à la cargaison d'aide, elle devait être inspectée puis remise aux Nations unies qui auraient été chargées de la distribuer à Gaza.
Les autorités craignaient une opération qui serait dommageable à l'image d'Israël et souhaitaient un arraisonnement en douceur. Mais il semble que l'opération d'abordage a dérapé. La télévision israélienne parle d'au moins dix morts, un chiffre qui n'est pas vérifiable pour l'instant.