Avec notre correspondante à Casablanca, Léa-Lisa Westerhoff
Tous les jours au Maroc, environ 800 femmes auraient recours à l’avortement. Quelquefois dans des conditions catastrophiques, avec des aiguilles ou des plantes abortives. Car condamné par l’islam et interdit par la loi, l’avortement jette dans la clandestinité toutes les femmes qui le pratiquent.
Une situation qui pour le gynécologue Chafik Chraïbi est tout simplement dangereuse :
« L’interdit n’empêche personne. Les grossesses non-désirées sont là et les avortements sont là. Beaucoup de femmes n’ont pas les moyens de se faire avorter dans le privé. Elles se détournent alors vers un genre d’avortements qui est très dangereux et c’est ce qui m’a révolté. C’est véritablement de recevoir dans mon service ce genre de complications. Il n’y a pas longtemps, une femme est arrivé avec ce qu’on appelle des « comprimés de potassium» qu’elle a mis dans le vagin. Cela brûle le vagin et provoque des hémorragies foudroyantes. On ne peut pas se taire sur ce genre de choses ».
Résultat, le Dr Chraïbi a fondé «L’association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin» (il demande que l’avortement soit autorisé dans certains cas) et a organisé cette première conférence. Le débat qui devait se tenir au Parlement a finalement eu lieu à la Bibliothèque nationale. Mais il a eu lieu pendant deux jours, parlementaires islamistes et médecins ont pu échanger leurs points de vue.
Mais le plus dur reste à faire : convaincre les députés de rédiger un projet de loi sur l’avortement, et ensuite obtenir le feu vert du roi Mohamed VI. Pour le moment rien n’indique que c’est à l’agenda du Parlement.