Le pays est dirigé actuellement par un gouvernement intérimaire d'experts, conduit par Jan Fischer, un haut fonctionnaire. Le gouvernement précédent, celui de Mirek Topolanek, est tombé en avril 2009, à la suite d'une motion de censure.
Des vingt-cinq partis en lice, cinq formations seulement devraient pouvoir passer le seuil d'éligibilité de 5%. Les trois premières sont le Parti social-démocrate (CSSD) de l'ancien Premier ministre Jiri Paroubek, le Parti démocratique civique (ODS) dont fait partie l'actuel chef de l'Etat Vaclav Klaus et le Parti communiste (KSCM) de Vojtec Filip.
L’échiquier politique tchèque risque d’être bouleversé par la percée du nouveau parti « Top 09 », dont le leader charismatique est l'ancien chef de la diplomatie Karel Schwarzenberg. Un autre parti, « Affaires publiques » (VV), a connu une montée rapide, depuis qu'il est dirigé par l'ancien écrivain et journaliste de télévision Radek John.
Selon certains sondages, les chrétiens-démocrates pourraient eux aussi entrer au Parlement ; ils sont très près du seuil de 5%.
Le déficit public au centre de la campagne électorale
La campagne électorale a été centrée sur l'état des finances publiques. Les sociaux-démocrates, qui promettent une hausse des retraites et des allocations de chômage, partent favoris pour ces élections. Leur leader critique fortement la droite, qui agite la menace de la banqueroute de l'Etat. Attitude qui - selon Jiri Paroubek, leader du CSSD - nuit à la réputation de la République Tchèque à l'étranger, tout en étant un non-sens économique. Il faut dire que l'endettement de la République Tchèque est l'un des moins élevés parmi les pays de l'UE - il représentait 5,9% du PIB en 2009.
Le déficit public augmente pourtant rapidement, fait valoir la droite libérale. Le leader du Parti démocratique civique, Petr Necas, soutient que le programme de la gauche fera augmenter les dépenses; il préfère insister sur la nécessité des réformes du marché du travail, des retraites et de la santé publique. Sinon, le pays risque de se retrouver dans un scénario à la grecque, selon lui.
Une possible alliance entre les sociaux-démocrates et les communistes?
Le Parti social-démocrate a toutes les chances de gagner les législatives mais, avec ses 30% des intentions de vote, il ne sera pas capable de former seul un gouvernement. Certains sociaux-démocrates n'excluent pas une collaboration plus ou moins poussée avec les communistes. Même sans participer au gouvernement, le PC pourrait le soutenir tacitement, en échange de quelques postes importants dans l'administration, par exemple. Dans ce cas, Jiri Paroubek pourrait mettre en place un exécutif minoritaire, avec le soutien sans participation des communistes. Les sociaux-démocrates pourraient aussi faire appel aux nouveaux partis qui entreront probablement au Parlement et qui ont fait une percée spectaculaire dans les sondages : « Top 09 » et « Affaires publiques » - alliances risquées, car le comportement de ces deux formations reste encore imprévisible.
Les communistes se déclarent disposés à soutenir un cabinet minoritaire social-démocrate, a condition qu'ils puissent réaliser quelques points de leur programme. Le PC tchèque est le seul qui s'assume comme tel, cas unique dans l'Europe de l'Est. Il a gardé son nom et l'idéologie de la lutte de classe - acceptant pourtant des réajustements en ce qui concerne la démocratie. Le parti milite contre les nationalisations et pour la sortie du pays de l'OTAN. En dépit de leur poids électoral - ils sont la troisième force politique du pays - les communistes n'ont participé à aucun gouvernement depuis vingt ans.