Hubert Velud: «Pas toutes les garanties avec le Togo»

Hubert Velud quitte ses fonctions de sélectionneur du Togo pour diriger le club de Créteil, en France. L’entraîneur français est encore marqué par la fusillade de Cabinda qui a coûté la vie à deux personnes. Mais il a surtout été découragé par les incertitudes qui accompagnent les éliminatoires de la CAN 2012, auxquelles les Eperviers ont été réintégrés tardivement.

Pourquoi avez-vous décidé de quitter la sélection togolaise pour vous engager avec le club de Créteil (3e division française) ?
Il y a une incertitude au Togo concernant l’effectif disponible aux dates des 1ers et 9 juillet, pour les deux premiers matches des éliminatoires de la CAN 2012. Mon cœur sera toujours au Togo. Mais j’ai choisi un club, Créteil, où je suis déjà passé (2005-2006). Ça a été un choix difficile mais j’ai préféré rentrer en France où j’ai quelque chose à construire.

L’attaque mortelle du bus du Togo durant la CAN 2010 a-t-elle joué sur votre décision ?
Pas du tout ! Au niveau sportif, je n’ai pas toutes les garanties nécessaires pour continuer. C’est la possibilité de ne pas disposer d'un groupe compétitif qui m’a inquiété et qui a fait pencher la balance en faveur de Créteil. Après, il faut bien admettre que cet attentat a tout cassé. Le capitaine, Emmanuel Adebayor, a arrêté et je ne suis pas sûr qu’il sera le seul. Elle est là, ma crainte. J’espère que le Togo parviendra à surmonter ce problème.

La retraite d’Emmanuel Adebayor a-t-elle été décisive ?
C’est un des éléments. Même si ce n’est pas le seul, il a forcément beaucoup pesé. On connaît son importance énorme sur et en-dehors du terrain. C’est un joueur auquel j’étais très attaché. J’avais un certain mode de fonctionnement avec lui. Son départ a créé un gros vide. Il ne faut pas non plus oublier le décès de mon regretté entraîneur adjoint, Amélété Abalo. C’est un deuxième élément qui a pesé dans ma décision. Travailler sans lui au Togo ma paraissait assez difficile. Ce drame de Cabinda a brisé notre élan.

Aurait-il été difficile de repartir pour un nouveau cycle ?
Dans l’immédiat, oui. La décision de la Confédération africaine du football de suspendre la sanction du Togo pour les CAN 2012 et 2014 et de réintégrer les Eperviers pour les éliminatoires de la CAN 2012 a été très positive. Mais elle a été tardive et laisse peu de temps pour s’organiser en vue des deux premiers matches, en juillet. La plupart des joueurs seront, soit en vacances, soit en reprise. Tout ça, c’est très difficile à gérer. Ça aurait été différent avec des éliminatoires commençant en septembre.

Le Togo avance sans entraîneur et avec des joueurs en plein doute. Les choses vont être compliquées pour les Eperviers.
Ça va être difficile pour eux mais les dirigeants vont prendre le dossier à bras le corps. Je souhaite vraiment que les joueurs européens fassent l’effort de venir le 1er juillet. Si mes doutes à ce sujet les font réagir, c'est tant mieux. Après, il faut les encadrer, trouver un responsable technique. Je leur souhaite en tout cas de la réussite dès le 1er juillet, au Tchad.

Que retenez-vous de ces mois passés au Togo ?
Il y a eu un grand malheur mais, à côté de ça, que du bon. Ça a été un vrai bonheur de travailler avec le Togo. Ça a été une expérience humaine extraordinaire. J’aurais aimé la poursuivre. Mais, aujourd’hui, Créteil m’offre plus de garanties sportives.

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