Pour la première fois depuis des lustres, l’équipe de France s’est présentée dans un schéma en 4-3-3 pour affronter le Costa Rica, sa première rencontre de préparation à la Coupe du monde. Ce changement était le bienvenu au vu des dernières prestations face à l’Eire en barrages (qualification tirée par les cheveux) et devant l’Espagne au Stade de France (0-2 face à des Espagnols jouant au petit trot). Le remaniement tactique était aussi dicté par les circonstances : le forfait de Lassana Diarra a incité le sélectionneur à se priver d’un milieu récupérateur dans sa liste des 23.
LA DEFENSE
Raymond Domenech a enfin pu aligner la défense qu’il a en tête depuis deux ans avec un Gallas droitier et un Abidal gaucher en charnière centrale, entourés d’un Bacary Sagna inamovible à droite et d’un Patrice Evra capitaine d’un soir. Il reste du travail à faire dans ce secteur de jeu. Certaines imprécisions auraient pu coûter cher et les Costariciens ont pu tirer au but avec facilité en plusieurs occasions. Les coups de pieds arrêtés demeurent un problème et risquent de le rester pour un quatuor qui ne culmine qu’à 1,78 m de moyenne.
Le mollet de William Gallas a tenu, c’est une bonne nouvelle. A court de match, le joueur d’Arsenal est quand même sorti à la mi-temps remplacé par Sébastien Squillaci. Le Sévillan reste une valeur sûre en cas de coup dur et apporte un plus sur les coups de pieds arrêtés offensifs. Préféré à Hugo Lloris pour débuter la rencontre, Steve Mandanda n’a pas marqué des points dans la cage. Très loin désormais du N.1, il est plus près du N.3 car il a encore encaissé un but évitable sur la frappe à ras de terre de Carlos Hernandez (11e).
LE MILIEU
C’est le secteur de jeu qui a le plus bénéficié du réajustement. Il y a longtemps que l’on n’avait pas vu autant de mouvement et de qualité technique dans l’entrejeu bleu. Il faudra néanmoins soigner la dernière passe et la relation avec les attaquants, côté gauche mis à part. Jérémy Toulalan s’est vu confier un rôle de « sentinelle » pour lequel il n’est peut-être pas destiné sur le long terme. Il a servi Ribéry pour le but de l’égalisation à 1-1 à la 23e mn et a livré une bonne prestation durant le temps qui lui fut imparti avant d'être remplacé par Alou Diarra, à la mi-temps.
Même s’il n’a pas pu retrouver le rôle qu’il affectionne à Chelsea, Florent Malouda aurait pu être le principal perdant de la nouvelle organisation. Il n’en a rien été et il a parfaitement rempli la tâche ingrate de relayeur côté gauche. Il est sorti à un quart d’heure de la fin pour laisser sa place à Abou Diaby. Yoann Gourcuff a reculé d’un cran et dans un rôle moins axial qu’à Bordeaux. Il a été très actif à la récupération, à la distribution et semble avoir retrouvé le coffre qui lui a souvent fait défaut cette saison. On lui a cette fois laissé tirer les coups de pieds arrêtés, il a pris sa chance sur des tirs de loin et a été l’une des grandes satisfactions de la rencontre.
L’ATTAQUE
Le 4-3-3 est destiné à mettre en valeur les trois attaquants. Un seul s’est véritablement illustré à Lens mais de quelle manière. Retrouvant son poste de prédilection sur le flanc fauche, Franck Ribéry s’est senti pousser des ailes dès le coup d’envoi. Son entente avec Malouda s’est avérée excellente et il a provoqué l'égalisation à 1-1 (22e). Très en jambes, on l’a retrouvé comme aux plus beaux jours, tout en percussion et en prise de risque. Du coup, le jeu de l’équipe de France a nettement penché à gauche.
Nicolas Anelka et Sidney Govou se sont montrés nettement moins à leur avantage avec zéro occasion à se mettre sous les crampons quand ils étaient sur le terrain. Anelka a été remplacé par Thierry Henry à la mi-temps et Govou par Valbuena à l’heure de jeu. Invité-surprise dans la liste des 23, le petit Marseillais a marqué le but de la victoire (83e) pour sa première sélection et a justifié, sur ce match, sa vocation de joker.
CONCLUSION
Il est toujours bon d’avoir deux systèmes de jeu (4-2-3-1 ou 4-3-3) pour disputer une compétition, encore plus dans une Coupe du monde où le style des adversaires diffère et où les blessures, comme les suspensions, peuvent conduire à des réaménagements. L’expérience du 4-3-3 mérite donc d’être poursuivie mais à condition d’avoir une meilleure assise défensive qu’à Lens et que tous les les attaquants s’impliquent. Au-delà du système de jeu, les Bleus ont donné l’impression de prendre du plaisir sur le terrain. Ce n’est pas le moindre des intérêts de la victoire de mercredi contre le Costa Rica.