De notre correspondante à La Haye
Si Naomi Campbell apprécie ce qui brille, l’actrice et top model refuse depuis près d’un an de se présenter sous les projecteurs du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Dans une requête déposée le 20 mai 2010, le procureur demande aux juges de citer Noami Campbell à comparaître comme témoin dans le procès intenté contre l’ancien président du Liberia, Charles Taylor. Selon le procureur, Charles Taylor aurait offert un diamant brut à l’actrice lors d’une réception à la résidence de Nelson Mandela en Afrique du Sud, en septembre 1997. « Les efforts répétés du procureur d’interroger Naomi Campbell sur cet événement ont été infructueux, écrit le procureur dans sa requête aux juges, et Miss Campbell a donné des déclarations publiques montrant qu’elle ne veut pas être impliquée dans l’affaire ».
En juin 2009, un informateur, dont le nom reste confidentiel, avait alerté le procureur sur cet événement. Après plusieurs tentatives de rencontres, le procureur Nick Koumjian avait été en contact avec l’avocat de l’actrice, l’informant qu’elle « était inquiète pour sa sécurité » et précisant qu’elle ne consentirait à aucune rencontre, « ni par téléphone, ni en personne ». La balle est désormais dans le camp des juges.
Un témoignage-clé pour le procureur
Accusé de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, l’ancien chef d’Etat aurait, selon le procureur, soutenu les rebelles de Sierra Leone, voisine du Liberia, pour s’emparer des richesses du pays. En échange de diamants, Charles Taylor fournissait les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) en armes et munitions. La guerre civile en Sierra Leone (1991-2002) avait fait près de 200 000 morts et des milliers d’handicapés. Or le top model britannique pourrait permettre au procureur d’alimenter son dossier. Car pour le procureur, le « cadeau » est révélateur. Le dîner sud-africain n’est alors que l’une des escales de Charles Taylor au cours d’un voyage qui l’emmène en Libye, au Burkina Faso et au Nigeria. En octobre 1997, son retour à Monrovia était alors suivi d’un chargement d’armes, livré aux rebelles sur la base aérienne de Magburaka, en Sierra Leone.
L’ex-chef d’Etat n’a jamais nié avoir acheté des armes pour défendre son pays, le Liberia, malgré l’embargo. Mais il réfute toute livraison aux rebelles sierra-léonais et maintient qu’il n’a jamais payé ses fournisseurs grâce aux diamants recueillis par ces mêmes rebelles. Depuis le début de son procès, il affirme même n’avoir jamais touché l’un quelconque de ces diamants. En conclusion de sa requête, le procureur demande aussi aux juges de prendre toutes les mesures pour que le greffier exécute leur décision, si elle devait être positive, c'est-à-dire de s’assurer qu’au jour et à l’heure de la convocation fixée par les juges, l’actrice se présente à la barre des témoins à La Haye. Un refus de l’actrice impliquerait son arrestation.