«The Housemaid», une réflexion acerbe sur la société coréenne

Projection ce vendredi 14 mai du premier des deux films sud-coréens en course pour la Palme d’or au 63e Festival de Cannes : «The Housemaid», une satire de la société coréenne d’aujourd’hui, signée Im Sang-soo.

De notre envoyé spécial à Cannes

Euny, une jeune femme gaie et naïve, est embauchée comme aide-gouvernante dans une riche maison bourgeoise pour s’occuper d’une fillette. Elle est très vite subjuguée par le raffinement de cette famille cultivée, mais qui vit dans un monde complètement déconnecté de la réalité, du moins celle des gens ordinaires. Le mari, un homme influent de la haute société, règne sans partage dans cette luxueuse demeure peuplée uniquement de femmes : l’épouse, qui attend des jumeaux, la belle-mère, la fillette et les domestiques. Il prend bientôt Euny pour maîtresse. La vie tranquille de toute la maison va alors basculer.

Euny (interprétée par la comédienne Jeon Do-youn, qui marque son retour sur le grand écran mais aussi à Cannes deux ans après son prix d’interprétation pour Secret Sunshine de Lee Chang-dong),

tombe enceinte. Diabolique, la famille va tout mettre en œuvre pour renvoyer, puis faire disparaître la jeune femme. D’abord avec un gros chèque, car c’est de cette manière qu’elle règle en général les problèmes. Comme ce moyen s’avère inefficace, la belle-mère va tenter de supprimer Euny : elle la pousse du haut de l’escalier, maquillant son geste en accident. Une démarche également infructueuse. Et puisque la domestique survit et refuse d’avorter, l’épouse décide de l’empoisonner. 

Les protagonistes évoluent dans ce décor luxueux mais claustrophobe, qui les emprisonne à l’image des mouches prises dans une toile d’araignée. L’ambiance n’est pas sans rappeler celle des films d’Alfred Hitchcock. « Je voulais en effet approfondir la théorie d’Hitchcock sur le suspense, mais sans l’entretenir à tout prix », confie Im Sang-soo, qui fut l’assistant du maître du cinéma coréen Im Kwon-taek au début des années 1990.

Comédie noire, The Housemaid est une nouvelle version de la fiction éponyme de Kim Ki-young sorti en 1960. Cinquante ans après, Im Sang-soo, qui a étudié la sociologie avant de s’orienter vers le 7e Art, livre, lui aussi, son analyse sur la société coréenne d’aujourd’hui, avec un regard quasi radical. Il présente deux pans de la société qui cohabitent sans jamais vraiment se rencontrer.
 

A 48 ans, Im Sang-soo, fils d’un critique de cinéma, a signé une demi-douzaine de longs métrages. En 2005, il avait fait sensation sur la Croisette avec The President’s Last Bang, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, une section parallèle du Festival de Cannes.

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