La comédienne-réalisatrice se dit heureuse à prêter sa notoriété pour promouvoir des films venus d'Afrique, d'Asie, d'Amérique Latine, d'Europe Centrale et Orientale, du Proche et du Moyen Orient.
Rithy Panh est depuis longtemps très engagé dans le cinéma documentaire. Ce rescapé des camps de travail des Khmers rouges est arrivé en France en 1980. Pour lui le cinéma est un outil indispensable pour le travail sur la mémoire d’un pays. Son expérience lui a montré que Cannes représente non seulement une vitrine et un marché, mais « pour certains, dans certains pays, être reconnu à Cannes, c’est une protection, un passeport diplomatique. »
D’où pour lui aussi l’importance de parrainer ces films venus d’ailleurs : « Il faut que cette mondialisation ait du respect pour les plus faibles. Ca s’apprend, se discute. C’est une bataille constante. Tout ce que vous prenez de plus dont vous n’avez pas besoin, vous le volez aux autres, vous en privez un autre. »
Une pépinière cinématographique mondiale
En 2009, l’accompagnement proposé dans le cadre du Pavillon des Cinémas du Mondea permis à l’Ethiopien Hailé Gerima de trouver un distributeur pour Teza. Cette année, douze réalisateurs et producteurs peuvent ainsi présenter leurs projets et leurs films à Cannes. La réalisatrice brésilienne Carline Leone défend avec Par la fenêtre un cinéma d’auteur peu diffusé au Brésil. Anahi Hoeneisen (Equateur) raconte dans Tres le quotidien d’adolescents en quête de liberté à Quito. Abraham Haile Biru, directeur de l’unique école de cinéma en Afrique de l’Est, la Blue Nile Academy, présente son projet d’un premier film en 35mm à être tourné en Somaliland, Queleh. La réalisatrice Wanuri Kahiu, figure montante du cinéma kenyan, présente From a whisper qui évoque la mémoire des attentats survenus à Nairobi en 1998. Ihab Jadallah est en train de développer un premier long métrage de fiction autour de la figure de Yasser Arafat : Territoires Palestiniens.
« Qu’est qu’un homme sans culture ? avance Rithy Panh, avant de donner lui-même la réponse, Un désert d’idées. On ne dit jamais que la culture rapporte, on dit combien elle coûte - si possible en pourcentage du budget national. Au Cambodge, le budget de la Culture est à 0,001 %. Je suis plutôt partisan pour qu’on mesure la culture économiquement, qu'on l'évalue.
J’en ai marre qu’on dise que les saltimbanques coûtent à la société. Fermons une fois le festival d’Avignon pour voir ce qui reste d’Avignon. Nous sommes des acteurs économiques et politiques. Le théâtre comme le cinéma doivent être à l’intérieur d’une cité - au sens grec - et non pas en banlieue, en-dehors des cités. »
Le droit d’accès à l’image doit être traité comme un droit de l’homme.
Rithy Panh a formé de nombreux jeunes cinéastes cambodgiens aux documentaires. En 2006 il a créé un « Centre de Ressources Audiovisuelles du Cambodge ». Le long-métrage About my father du Franco-cambodgien Guillaume P. Suon, est issu du Centre Bophana et tente sa chance sur la Croisette. « Cannes, c’est bien, mais après il faut que les films soient visibles, dit Rithy Panh. Le droit d’accès à l’image, le droit d’accès à la mémoire - parce que les films, c’est aussi un fil de la mémoire - doivent être traités comme un droit de l’homme. »
L’institution du Centre Bophana permet au Cambodgiens d’avoir accès à leur culture et à leur histoire, grâce aux archives vidéos, audios et photographiques. « Ce projet marche bien, raconte Panh, on a un centre où les enfants - même de la rue - viennent regarder l’histoire de leur pays. Il y a des étudiants qui viennent. Ils ne disent pas qu’ils veulent voir des films, mais des 'films historiques'. Ca veut dire que les gens veulent connaître leur histoire. C’est très important. »
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