Attentat de Karachi: une enquête parlementaire difficile

Les députés de la mission d'information sur l'attentat de Karachi en 2002 ont rendu public leurs conclusions ce mercredi 12 mai. Plusieurs pistes ont été explorées pour expliquer l'attentat : parmi elles, celle de l'arrêt du versement des commisssions aux intermédiaires impliqués dans la vente de trois sous-marins au Pakistan. Une piste que le rapport rendu par les parlementaires ne permet pas d'écarter, pas plus que celle de l'attentat islamiste.

Les questions soulevées par les députés sont peut-être plus nombreuses que les questions auxquelles ils répondent. Une certitude est partagée par les membres de cette mission : rien n'a été fait pour leurs faciliter le travail.

Guy Teissier, président UMP de la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, ironise sur l'amnésie des anciens ministres. Il reconnait aussi que les parlementaires n'ont pas eu accès à tous les documents nécessaires pour construire leur mission mais il refuse de parler d'entrave systématique du pouvoir :

«Ils sont unanimes là-dessus, ils ont eu un certain nombre de difficultés.»

Le mot amnésie a été prononcé. « Oui, c'est exact, l'amnésie a été prononcée à l'égard des anciens ministres de la Défense, comme un mal qui semblait être une maladie professionnelle; puisque les trois ministres, Pierre Joxe, François Léotard et Charles Millon ont tous les trois été cités. »

La levée du secret-défense

Bernard Cazeneuve, le rapporteur socialiste de la mission, est aussi le député maire de Cherbourg, lieu de résidence de familles de victimes de l'attentat. Il n'a pas les mêmes pudeurs vis-à-vis de l'enquête :

« La vérité, depuis 8 ans, n'a pas été donnée aux familles. Jamais je n'ai senti sur une enquête parlementaire autant de difficultés à obtenir les documents qui auraient permis au parlement de faire la vérité sur l'affaire. Nous avons demandé un très grand nombre de documents qui n'étaient pas sous le secret de l'instruction, puisque les juges ne l'avaient pas demandé et qu'ils n'en étaient pas le détenteur. Ces documents ne nous ont pas été communiqués, n'ont pas été mis en notre possession et cela nous a considérablement entravé dans notre effort de vérité. »

Et pour Bernard Cazeneuve, le seul moyen de se rapprocher de la vérité, c'est la levée du secret-défense.

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